Haïti – Économie: Perspectives de la sécurité alimentaire pour 2015 en Haïti

La Coordination nationale de la sécurité alimentaire (CNSA) dans un récent bulletin titré « Panier alimentaire et conditions actuelles de sécurité alimentaire, janvier 2015 », a présenté des perspectives relatives concernant l’évolution des prix alimentaires et de sécurité alimentaire en Haïti pour cette année.

En se basant sur les projections du Fonds monétaire international (FMI) pour Haïti relatives à l’inflation qui pourrait atteindre environ 6%, la CNSA estime que ce niveau d’inflation pourra entraîner une augmentation d’environ 7.5 % en moyenne du coût du panier alimentaire, hausse qui, à son tour, conduirait à une détérioration de l’accès dans une proportion quasi similaire. »

La CNSA, a reconnu que le secteur agricole a connu des difficultés énormes en 2014, une année marqué en effet, par des périodes sèches successives depuis mai 2014 où les principales cultures comme le maïs, le riz, le pois congo, les ignames et les arachides ont accusé des pertes allant jusqu’à 50 % par rapport à 2009 et 2013.

La situation est encore plus complexe, car la disponibilité des aliments ou l’augmentation de la production ne garantit pas un meilleur accès au marche de la population, d’ou le poids des facteurs chômage et l’absence ou le faible revenu de nombreux agents économiques dans la compréhension du phénomène de sécurité alimentaire. « On aurait beau stabiliser les prix ou accroître la production agricole…mais si le revenu des individus est faible ou insignifiant, ils ne pourront pas accéder au marché », soutient la CNSA, précisant que l’insécurité alimentaire et la pauvreté en Haïti sont strictement liées au manque et à l’absence de revenu.

Qui pis est, le PIB du pays de 2,8 % pour 2014 est nettement au-dessous des prévisions. Ce qui devrait entrainer selon la CNSA une baisse du revenu per capita.  Observation vraiment pertinente.   A ce rythme, l’insécurité alimentaire doit demeurer élevée », signale l’organisme chargé d’influencer les politiques publiques destinées à améliorer de façon durable les conditions de sécurité alimentaire de la population haïtienne.

Dans un souci d’apporter des solution, la CNSA croit qu’il faut travailler pour accroitre le rendement ou la superficie cultivée en agissant sur les facteurs tels que les fertilisants/engrais ou les intrants agricoles et surtout sur la technologie de production.  Aussi, il faut prendre des mesures en vue d’accroitre le revenu ou le pouvoir d’achat des individus.

En conclusion, l’organisme étatique s’occupant de la sécurité alimentaire, la CNSA a fait valoir ce point de vue: « seule la modification du revenu per capita semble entrainer un changement drastique dans le niveau de l’insécurité alimentaire. C’est pourquoi on doit privilégier toutes mesures ou tous investissements susceptibles d’accroître l’emploi et le revenu des individus. Le milieu rural doit être privilégié et c’est là qu’il faut donc concentrer les interventions puisque l’agriculture, étant une activité transversale, constitue le meilleur pôle d’investissement. »

Une conclusion qui est tout à fait correcte et qui va dans le même sens par rapport à ce que nous avons l’habitude de dire à cet espace, que la disponibilité des denrées, voire la baisse des prix alimentaires ne veut rien dire si les gens n’ont pas de revenus. Et justement c’est cette absence ou faiblesse de revenus qui des fois fait penser que les prix sont excessivement élevés. Combattre la pauvreté, combattre l’insécurité alimentaire doivent être absolument une lutte constante pour l’emploi durable et non pas une démarche pour distribuer plus de kits alimentaires, ou de distribuer plus petites allocations mensuelles marginales aux familles.

Etzer S. Emile, M.B.A

Economiste

Radio Vision 2000

etzeremile@gmail.com

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