Haïti/Économie : Croissance des économies de l’Amérique latine et des Caraïbes..Haïti régresse par rapport à 2011…
La Commission économique pour l’Amérique latine et la Caraïbe (CEPALC) a rendu public cette semaine à Santiago au Chili son rapport de fin d’année sur la croissance des économies des pays de la région, un rapport qui vient confirmer que l’économie haïtienne a été globalement moins performante en 2012 qu’en 2011.
En effet, la région terminera l’année 2012 avec une croissance économique de 3,1%, inférieure aux 4,3% atteints en 2011, mais supérieure à la croissance mondiale qui devrait être de 2,2%. Ce qui montre que la crise économique mondiale a eu un impact négatif, mais pas dramatique, sur le continent qui maintient durant l’année une certaine capacité de résilience face aux chocs externes. Selon le rapport de la CEPAL, la région latino-américaine et caribéenne gardera son accélération en 2013 avec une croissance économique de 3.8%, en dépit des incertitudes qui existent encore dans le monde entier, en particulier les difficultés rencontrées par l’Europe, les Etats-Unis et la Chine.
L’impact principal de la crise mondiale sur les économies de la région se reflète notamment au niveau du commerce, puisque la croissance de la valeur des exportations de la région a considérablement ralenti, passant de 23,9% en 2011 à environ 1,6% en 2012.
Dans la performance régionale, le ralentissement de la croissance est influencé par deux des plus grandes économies de la région : l’Argentine avec 2,2% de croissance en 2012 contre 8,9% en 2011 et le Brésil avec 1,2% en 2012 contre 2,7% en 2011. Ces deux économies à elles seules représentent environ 41,5% du PIB régional. Leur reprise devrait être constatée en 2013 avec une croissance de 3,9% en Argentine et de 4,0% au Brésil.
Selon les experts de la CEPAL, le Panama enregistrera la plus forte croissance économique dans la région en 2012 estimée à 10,5%, suivie par le Pérou (6,2%), le Chili (5,5%) et le Venezuela (5,3%). En Amérique centrale la croissance économique pour 2012 devrait atteindre 4,2% dans l’ensemble, 2,7% en Amérique du Sud et 1,1% dans les Caraïbes.
Haïti n’a pas été cité dans le communiqué de presse de la CEPAL, mais le tableau de croissance économique des pays de la région, publié par l’organisme, affiche clairement les croissances économiques d’Haïti de 2010 à 2013. En effet, en 2010, la croissance économique d’Haïti était de -5.4%, conséquence exclusive du tremblement de terre de Janvier 2010, qui avait couté environ 120% du PIB national. En 2011, Haïti a pu renouer avec la croissance avec un taux positif de 5.6% et en 2012, les estimations de la CEPAL rapportent que l’économie haïtienne terminera l’année avec une croissance de 2.5%, comme le Chef de mission du FMI l’avait déjà révélé lors de son passage en Haïti, contre 6% d’après les projections pour 2013.
En ce qui concerne l’économie dominicaine, notre voisin qui avait grandement profité du séisme en Haïti, sa croissance en 2010 était de 7.8%. Cependant, l’économie dominicaine n’a pas su maintenir cette croissance et continue de contracter depuis 2011 avec une croissance de 4.5% et une estimation de 3.8% pour 2012, contre des projections de 3.0% pour 2013.
Selon les experts de la CEPAL, l’investissement dans la croissance de la région en 2012 n’a pas été aussi important qu’il était en 2011.
L’emploi et les salaires ont augmenté en 2012 et le chômage urbain est passé de 6,7% en 2011 à 6,4% en 2012, une performance importante dans le contexte de ralentissement économique mondial. Sur le plan budgétaire, l’écart entre les recettes et les dépenses ont augmenté dans la plupart des pays, on dirait notamment Haïti. Une situation qui porte le ministère de l’économie et des finances du pays à recourir timidement à des mesures d’austérité, auxquelles nous ne sommes pas trop familiers en Haïti.
De toute façon, la conclusion est claire : Haïti a connu une mauvaise année économique pour l’exercice 2011-2012, malgré toutes les belles prévisions et promesses, les beaux slogans et discours. Haïti n’a pu devenir l’économie avec le taux de croissance le plus élevé de la zone en 2012 comme l’avaient prédit par la CEPAL et le FMI.
En tout état de cause, concernant les principales causes de ce marasme, l’impact de la tempête Isaac et de l’ouragan Sandy sur la croissance de l’économie haïtienne en 2012 est en partie responsable, mais les causes fondamentales de cette contraction économique en 2012 sont surtout un niveau élevé de mauvaise gouvernance, de crise et de scandales sociopolitiques durant toute l’année. Nous avons raté l’année 2012, il nous faut maintenant penser à ce nouvel exercice 2012-2013 qui commence déjà très mal.
Riphard Serent
Vision 2000