Nouvelle configuration du revenu par habitant dans le monde. Le cas d’Haïti

Les dernières estimations du revenu national brut par habitant (RNB) publiées par la Banque mondiale continuent de montrer une amélioration des performances économiques dans beaucoup de pays à faible revenu, avec notamment le Bangladesh, le Kenya, le Myanmar et le Tadjikistan qui grimpent dans la tranche inférieure des pays à revenu intermédiaire caractérisée par des revenus annuels compris entre 1 046 dollars et 4 125 dollars.

Miné par sa guerre civile et une industrie pétrolière nationale au point mort, le Soudan du Sud est retombé de la tranche inférieure des pays à revenu intermédiaire dans la catégorie à faible revenu, où le revenu moyen par habitant est inférieur ou égal à 1 045 dollars. Les pays qui ont le plus progressé par rapport à 2013 dans le nouveau classement des pays par RNB par habitant sont les Maldives et la Mongolie – qui ont gagné respectivement 13 et 8 places. Oman et le Timor oriental sont ceux qui ont le plus reculé – chacun ayant perdu 15 places.

Le Malawi arrive dernier au classement avec un RNB par habitant de 250 dollars, tandis que Monaco culmine en dépassant les 100 000 dollars – plus de 400 fois la moyenne par habitant du Malawi. En 1990, le RNB par habitant du Malawi s’établissait à 180 dollars et a donc augmenté de seulement 70 dollars en 24 ans. Dans le même temps, la Norvège, l’un des pays les plus riches du monde, a vu son revenu par habitant passer de 26 010 dollars à 103 050 dollars, soit une augmentation de 77 040 dollars. Certains pays ont aussi fait des progrès remarquables. En 1990, le Viet Nam figurait dans le bas du classement des pays à faible revenu avec un RNB par habitant de 130 dollars. Aujourd’hui fort d’un RNB par habitant de 1 890 dollars, il s’est solidement hissé dans la tranche inférieure des pays à revenu intermédiaire, prenant ainsi plus de 50 places dans le classement sur les 25 dernières années.

Le revenu national brut (RNB) par habitant rend compte du revenu moyen des habitants d’un pays. Il est obtenu en divisant la valeur totale en dollars des revenus annuels des résidents par la population à mi-année. Le RBN mesure la capacité d’un pays à assurer le bien-être de ses habitants. Chaque année, le 1er juillet, la Banque mondiale révise la classification des économies du monde en fonction des revenus à partir des estimations du RNB par habitant pour l’année précédente. « Même si nous devons mesurer de différentes manières les progrès en matière de développement, les mesures telles que le RNB qui sont fondées sur le revenu restent le repère central pour évaluer les performances économiques », précise Kaushik Basu, économiste en chef et vice-président senior de la Banque mondiale. Il est encourageant de voir que, sur la seule année dernière, quatre pays ont franchi la barrière critique séparant la catégorie à revenu faible et la tranche inférieure des pays à revenu intermédiaire. »

En ce qui a trait à Haïti, les dernières estimations de la Banque mondiale indiquent qu’Haïti, avec un Revenu National Brut par habitant de 830 dollars américains, n’a pas bougé d’un poil dans ce classement. Donc, Haïti reste et demeure un pays à revenu faible malgré tout. Contrairement à bon nombre de pays à faible revenu, comme le Bangladesh et le Kenya par exemple, qui ont amélioré leurs performances économiques en rejoignant le rang des pays à revenu intermédiaire caractérisés par des revenus annuels compris entre 1 046 dollars et 4 125 dollars. En effet, sur un total de 31 pays à faible revenu, Haïti est l’unique représentant des Amériques et de la Caraïbe (de l’autre cote de la frontière, la République dominicaine, avec notamment 5 950 de dollars de RNB par habitant, fait partie des économies à revenu intermédiaire). Le Népal ainsi que la Corée du Nord sont les deux seuls représentants du continent asiatique. Ensuite, le reste du tableau est complété par les pays africains.

Une donnée extrêmement importante qui prouve clairement que, nous n’avons rien foutu pendant les 25 dernières années, le pays reste toujours dans la même catégorie de pays à revenu faible, alors que d’autres pays progressent pour des revenus plus élevés et pour de meilleures conditions de vie pour leur population. Décidément, il nous faut une autre orientation pour ce pays, d’autres stratégies, autre forme de gouvernance, au-delà des promesses, au-delà de la démagogie pour rêver de passer au niveau des pays à revenus intermédiaire dans les 25 prochaines  années.

Etzer S. EMILE, M.B.A

Economiste

Radio Vision 2000

etzeremile@gmail.com

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