Révision à la baisse de la croissance pour l’Amérique latine en 2014. Des leçons à retenir.
Le Fonds monétaire international (FMI) a révisé encore à la baisse ses prévisions de croissance 2014 pour l’Amérique latine, tablant désormais sur un taux plus faible que 2% alors que ce dernier était initialement fixé exactement à 2%. Cette révision à la baisse est survenue en raison de la faible performance de la plupart des économies de la de la région, a dévoilé hier jeudi Alejandro Werner, directeur du FMI pour l’hémisphère occidental.
Il a affirmé que les économies qui devraient se comporter mieux, ne le font pas encore, et cela devrait ralentir très profondément la croissance économique de la région pour cette année, toutefois Alejandro Werner du FMI espère une reprise d’ici l’année prochaine.
Werner a précisé que les révisions à la baisse se concentreraient notamment sur des pays comme le Brésil, le Chili, le Pérou, l’Argentine et le Venezuela, tandis que pour d’autres pays comme la Colombie et le Mexique, le FMI garde les prévisions actuelles pour la fin de l’année.
Le directeur du FMI pour l’hémisphère occidental a expliqué que la décadence économique de la région de l’Amérique latine, peut être expliquée en grande partie par le ralentissement des exportations, plus précisément l’exportation des matières premières.
Bien que la valeur des produits d’exportation de la région reste élevée, il faut reconnaître qu’elle a connu une croissance particulièrement soutenue pendant une dizaine d’années avec la forte croissance de la Chine. Donc, le ralentissement de la croissance en Chine ces dernières années aurait pour conséquence la baisse des exportations de l’Amérique vers ce géant asiatique, surtout que ce dernier de plus en plus renforce ses échanges commerciaux avec l’Afrique, qui comme l’Amérique Latine détient d’énormes avantage en termes de matières premières.
Werner a également noté que plusieurs pays de la région ont déjà atteint leurs niveaux de potentiel de croissance, en fonction de leur capacité de production, toutefois il y a dans plusieurs cas des déficits budgétaires courants et des tensions inflationnistes.
« Ce sont les facteurs internes avec des comportements différents d’un pays à un autre qui globalement influencent l’économie de la région et expliquent ce ralentissement un peu synchronisé,» dit-il.
Toujours selon les prévisions du FMI, pour les cinq prochaines années, la croissance va être probablement plus proche d’une moyenne de 3 % au lieu de 4%…..(a noter que 4% était le taux de croissance qui a été enregistré au cours de la dernière décennie)…..donc en clair, la décennie 2009-2019 sera moins bonne que la décennie antérieure pour la région en termes de croissance économique.
Pour ces raisons, le directeur général du FMI pour la zone a déclaré que des reformes structurelles sont nécessaires voire obligatoires si les pays de la région veulent améliorer leur capacité de production à moyen terme, et maintenir une croissance soutenue et acceptable dans la perspective de développement et de lutte contre la pauvreté.
A titre d’exemple, Alejandro Werner a cité la réforme de l’éducation enclenchée par le gouvernement chilien, ce qui devra permettre à d’autres secteurs de se développer vu que l’éducation, la formation et la recherche constituent des facteurs déterminants en termes de développement économique. M. Werner a pris également le cas du Mexique qui initie présentement des réformes au niveau des télécommunications et l’énergie pour dynamiser davantage son économie.
Bref ! Un ensemble de pays qui ont bien compris l’urgence qu’il pour entreprendre des reformes structurelles effectives soit au niveau de l’éducation, l’énergie, la télécommunication, les infrastructures et autres secteurs.
Nous sommes tous d’accord que ce ralentissement de croissance de la région nous concerne également en Haïti… d’ailleurs la ministre des finances avait déjà fait mention d’une révision à la baisse de la croissance de l’économie haïtienne pour 2014 lors du dépôt de la loi de finance révisé, une croissance qui est désormais prévue à 3,6%. Maintenant, la grande question, face à ces déficits de croissance, est ce qu’on se lance effectivement sur la voie des reformes structurelles pour suivre les pays comme le chili ou le Mexique ou est ce qu’on va se contenter de produire de préférence de bons documents de reforme tous les 4 ou 5 ans? Le pays est assoiffé de véritables politiques publiques dans des secteurs comme l’énergie, l’éducation, la sécurité, ainsi de suite, ces derniers facteurs clés qui vont déterminer notre capacité de production et notre capacité à attirer des investissements.
Suivons de bon exemples pour des reformes effectives, qui peuvent donner des résultats visibles et qui auront des impacts positifs sur la croissance et le développement économique.
Etzer Emile, M.B.A
Economiste
Radio Vision 2000