Haiti-Culture : Ballet Bacoulou et Boukman Eksperyans ont « cassé-tambour »

Café Trio, club, bar et restaurant, s’est désigné « Centre culturel », offrant un espace de diffusion aux artistes et une programmation sans risques au public. Une volonté de valorisation d’un héritage culturel à travers des représentations artistiques, des rythmes traditionnels vaudou et rara s’affirme.

Vendredi 26 juillet 2013, à la veille du Carnaval des Fleurs, « Back to roots », ce qui signifie retour aux sources, s’est orchestré avec deux figures majeures de la culture racine : Ballet Bacoulou, troupe de danse folklorique (1959) et Boukman Eksperyans (1978). Cette initiative incite à la transmutation esthétique des représentations des arts vaudous à travers la danse, les chorégraphies folkloriques et la musique, un savant mélange de la polyrythmie vaudou et du rock pour un public avisé.

La cérémonie par les chants et les danses

Le Ballet folklorique Bacoulou a été fondé à Port-au-Prince en 1959 par la danseuse Odette L. Wiener avec 40 danseurs et 20 musiciens, assistée de Felix Morisseau-Leroy, poète et écrivainhaïtien ainsi que Adrien Ciceron, prêtre vaudou. Les chants et chorégraphies de la troupe sont inspirés des rites, danses traditionnelles vaudou et rara, du ballet classique et de la danse contemporaine de l’époque.

Depuis la mort de la fondatrice, en 2000, ce ballet est dirigé par la ballerine Yvrose Green. La troupe Bacoulou a participé à plus de trois cents festivals populaires et concours de danse au niveau international. Cette troupe investit tous les lundis soir l’espace du Quartier Latin, restaurant dansant, où elle présente ses chorégraphies.

Lors du spectacle du Café Trio, la chorégraphie était constituée principalement de quatre danses : yanvalou et banda, congo et rara. Les danseurs professionnels, 6 hommes et 6 femmes ondulaient leurs corps pour symboliser les deux couleuvres Dambala et Aida, archétypes de l’éternel masculin et de l’éternel féminin. Par l’harmonie et la communion de leurs gestes, les danseurs ont su incarner l’esprit de la sagesse et de la bonté qui est attribué à ce couple divin. La deuxième danse, le banda, a confirmé les talents des danseurs qui ont fait mouvoir leurs hanches et la partie inférieure de leurs reins. Pour la danse congo, les danseurs se sont déplacés sur la pointe des pieds, les bras presqu’en croix avec de légers mouvements de reins suivant le rythme du tambour.

Sur le plan vestimentaire, les couleurs rouge, verte et jaune des costumes des femmes rappelaient l’arc-en-ciel en hommage à Dambala et Aida. Les hommes portaient des chemises pailletées rouges et des pantalons noirs. Le personnage principal s’est démarqué du reste du groupe avec son costume de paillettes vert et des motifs dorés. Certains danseurs arboraient des drapeaux vaudou d’Erzulie et de Zaka. Les femmes jouaient des vaccines. A la fin, tous ont invité le public à danser avec eux ; ce fut un beau moment de rencontre et de partage.

Le Ballet Bacoulou d’Haïti a organisé la première édition du Festival des Arts et Traditions Populaires de Jacmel, initiative importante dans une société où une tendance de dévalorisation du folklore haïtien persiste. Cependant, les compagnies de danses pourraient présenter aussi des chorégraphies contemporaines qui s’inspirent certes des traditions mais qui interprètent la réalité et les formes esthétiques actuelles.

La chanteuse haïtiano-canadienne Sara Rénélik a fait la transition entre les deux groupes avec sa composition « Na rive ». Chanteuse solo de folk, soul et racine, elle a été nommée à des concours sur la musique du monde notamment au Canada (Canadian Folk Music Awards, 2007). Elle a 2 albums à son actif et collabore avec un groupe qui reprend des sonorités et des instruments hérités des Tainos et/ou des aborigènes.

Ensuite ce fut la prestation de Boukman Eksperyans. Fondé en 1978 à Port-au-Prince, le groupe a dix albums à son actif. Théodore Beaubrun « Lòlò » a grandi dans une lire la suite sur alterpresse.org

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