Haïti – Économie : Crise de l’emploi chez les jeunes d’aujourd’hui..nouvelle menace sur plusieurs décennies..
La question du chômage chez les jeunes dans le monde et même en Haïti commence vraiment à préoccuper certaines organisations, notamment l’Organisation Internationale du Travail (OIT) qui a rendu public cette semaine un dernier rapport indiquant que l’impact à long terme de la crise de l’emploi chez les jeunes pourrait se faire sentir pendant des décennies.
En effet, l’OIT prévoit que 12,6 % de la population mondiale âgée de 15 à 24 ans devrait se retrouver sans travail en 2013, soit une hausse de 3,5 millions entre 2007 et 2013. Ce qui porte le total à 73.4 millions le nombre de jeunes en situation de chômage dans le monde, dont au moins 2% à 3% sont des Haïtiens.
Selon le rapport de l’OIT, une forte proportion de jeunes (60 %) dans les régions en développement et les pays pauvres sont sans travail, non scolarisés ou encore dans l’emploi irrégulier. Tandis que dans les pays à revenu élevé, le chômage des jeunes a augmenté de 25 % entre 2008 et 2012.
Le rapport indique également que cette crise de l’emploi chez les jeunes risque de compliquer l’accès de toute une génération à un emploi décent sur plusieurs dizaines d’années. En effet, faute de pouvoir acquérir une expérience professionnelle, ceux qui sont au chômage aujourd’hui auront moins de chances de trouver un emploi décent même une fois la crise passée. Les inégalités sur le marché du travail menacent donc de s’aggraver dans les années à venir.
Derrière la dégradation des chiffres, le rapport pointe un chômage endémique, la prolifération d’emplois temporaires et le découragement grandissant des jeunes dans les économies avancées; et des emplois de survie, informels et de mauvaise qualité dans les économies en développement et celles sous-développées comme Haïti.
Ces dernières économies sont confrontées à de grandes difficultés en ce qui
concerne la qualité du travail offert aux jeunes.
Le présent rapport de l’OIT confirme que dans les économies en développement où les institutions du marché du travail, y compris la protection sociale, sont faibles, un grand nombre de jeunes demeurent voués à un avenir fait d’emploi irrégulier et d’informalité.
Il faut dire que les jeunes travailleurs reçoivent souvent un salaire inférieur à la moyenne et accomplissent un travail pour lequel ils sont soit surqualifiés, soit sous‐qualifiés. Dans certaines économies en développement, jusqu’à deux tiers de la population des jeunes est sous‐utilisée, ce qui signifie que ces jeunes sont au chômage, dans l’emploi irrégulier, la plupart du temps dans le secteur informel.
La question du chômage chez les jeunes en Haïti reste également un sujet préoccupant, même si ce dernier passe des fois inaperçu dans les différents colloques et conférences réalisés dans la capitale haïtienne. Beaucoup de jeunes haïtiens ayant une formation universitaire ou professionnelle n’arrivent pas à trouver un emploi décent dans le pays, car il n’y a pas encore une vraie politique de création d’emplois dans l’économie haïtienne, de valorisation du capital humain, ce qui explique cette fuite de cerveau ou de compétences vers des pays étrangers au détriment du développement d’Haïti. Une certaine partie de ces jeunes, les plus audacieux et désespérés, s’ils ne peuvent pas partir, se jette de manière imprudente dans toutes sortes d’actes de délinquance.
Riphard Serent
Vision 2000