Haïti-Agriculture: Les plantations de riz menacées par la sécheresse dans la vallée de l’Artibonite
Alors que la dernière récolte de riz dans diverses localités du bas artibonite a été ravagée fin décembre 2012 par une épidémie d’insectes, des plantations pour la campagne en cours ont été quasiment perdues en raison de la sécheresse qui s’abat sur toute la vallée de l’Artibonite, constate l’agence en ligne AlterPresse.
Cette sécheresse, signalée par le jaunissement des plantations de riz dans la vallée de l’Artibonite, aurait pour origine des travaux effectués par l’Électricité d’Haïti (ED’H) en vue d’alimenter les turbines hydro-électriques du barrage de Péligre. Ces travaux auraient réduit le débit du fleuve Artibonite, indique le président de la Plateforme de résistance des planteurs de l’artibonite (PREPLA), Fremiot Nicolas.
Depuis environ un mois, l’eau ne ruisselle pas dans les canaux d’irrigation de la vallée de l’Artibonite qui sont quasiment secs. Les agriculteurs et agricultrices qui ont du mal à en trouver pour arroser leurs rizières ne savent pas à quel Saint se vouer, affirme Nicolas.
« Si rien n’est fait d’ici deux semaines pour faire revenir l’eau dans les parcelles, toutes les cultures de riz de la vallée seront perdues », craint pour sa part l’agriculteur Kenson Désir, interrogé par AlterPresse.
« En décembre dernier, j’ai perdu toute ma récolte à cause d’une invasion d’insectes. Si je perds cette nouvelle récolte, je ne pourrai pas m’occuper de ma famille », se désole Désir.
Cet agriculteur n’est pas le seul à manifester son inquiétude. L’appel au sauvetage de la récolte a déjà été lancé aux responsables de l’Organisme de développement de la vallée de l’Artibonite (ODVA) et de la direction départementale du ministère de l’agriculture, des ressources naturelles et du développement rural.
De son coté, le coordonateur général du Comité des Affaires Électorales Paysannes pour des Élections Propres (KOZEPEP), Charles Suffrard, qualifie de triste cette situation de sécheresse qui a plongé les planteurs dans une profonde désolation.
Suffrard s’est montré pessimiste quant à la possibilité pour les rizicultrices et riziculteurs des régions de l’Artibonite de sauver leur récolte menacée par cette sécheresse.
« Une maladie appelée paille noire, due à cette situation, aurait déjà attaqué les plantations de riz dans la vallée », rapporte le principal responsable de KOZEPEP.
Les 28 000 hectares irrigués de la vallée de l’Artibonite produisent 80% de la production nationale de riz. La perte à répétition des récoltes pourrait aggraver l’insécurité alimentaire dans le pays, s’inquiète encore Charles Suffrard.
« Cette situation relève de la volonté des autorités haïtiennes de détruire la production locale au profit des produits importés suivant une entente avec des entrepreneurs internationaux, », dénonce t-il.
Suffrard dit ne pas comprendre la déclaration du chef de l’État qui a décrété l’année 2013 année de l’agriculture et de l’environnement alors qu’il ne fait rien, juge t-il, pour renforcer véritablement l’agriculture dans la vallée de l’Artibonite.
Aussi paradoxale que cela puisse paraitre, les agriculteurs ne disposent pas de moyens ou d’intrants nécessaires pour une agriculture digne de ce nom, signale Suffrard.
Cette situation de sécheresse aurait été présentée au chef de l’Etat Michel Martelly qui a visité le week-end écoulé un projet de réhabilitation des bassins de sel dans la commune d’Anse Rouge, informe le directeur départemental du ministère de l’agriculture dans l’artibonite, Eddie Charles. (alterpresse.org)