Haïti-Cinéma: L’aide à la reconstruction d’Haïti, un échec, selon le film « Assistance mortelle » projeté à Port-au-Prince
Les politiques d’aide internationale mises en œuvre en Haïti au lendemain du séisme dévastateur du 12 janvier 2010 en Haïti ont piteusement échoué, selon ce qu’expose le film documentaire « Assistance mortelle » du cinéaste haïtien Raoul Peck.
Ce film a été projeté à la presse, en présence du cinéaste, le mercredi 3 avril à la Fondation connaissance et liberté (Fokal).
Le film, vu par un reporter d’AlterPresse, présente l’échec la communauté internationale dans la reconstruction du pays en passant en revue la complexité des événements relatifs aux nombreux efforts individuels et collectifs consentis en vain.
Il relate les interventions non contrôlées des organisations non gouvernementales sur le terrain, l’influence des puissances internationales dans l’orientation de l’aide et donne la parole aux acteurs haitiens, en particulier le président de l’époque René Préval et son premier ministre Jean Max Bellerive.
Ce documentaire montre aussi l’ampleur des dégâts causés par ce séisme qui a occasionné 300 mille morts, autant de blessés et plus de 1,5 million de sans-abris.
Le film fait revivre des moments post-seisme où des camps de déplacés ont été érigés à Port-au-Prince dans presque tous les espaces publics, reflétant un pays complètement désorganisé.
Les millions de dollars décaissés par les bailleurs de fonds dans les conditions que cela a été fait n’ont pas eu les effets escomptés. Au lieu d’un futur meilleur pour le pays, la sitaution a empiré, laisse comprendre le film.
Les pays donateurs avaient promis près de 10 milliards de dollars américains (US $ 1.00 = 44.00 gourdes ; 1 euro = 60.00 gourdes) à Haïti en vue de sa reconstruction.
Le montant versé pour des programmes d’assistance dans le pays par les donateurs bilatéraux et multilatéraux entre 2010 et 2012 est de 6,43 milliards de dollars.
La faiblesse de l’État, l’absence de coordination des travaux sur le terrain et la mise à l’écart des acteurs locaux sont vues comme autant de facteurs qui participent à l’échec de la reconstruction d’Haïti.
Le documentaire critique le rôle de blocage joué par la communauté internationale à travers la Commission intérimaire pour la reconstruction d’Haïti (Cirh) qui n’a pu mettre en place aucune stratégie de développement après un an et demie de fonctionnement.
La Cirh, créée le 21 avril 2010 en vue de reconstruire le pays, a été engluée dans des jeux d’inffluences. L’ancien président américain Bill Clinton, co-président de la Cirh, est fortement pointé du doigt.
Le relogement des populations déplacées dans des T-Shelters provisoires construites par des Ong n’a pas amélioré pour autant leurs mauvaises conditions de vie, selon le film qui rapporte les cris d’insatisfaction et de colère notamment des bénéficiaires du camp Corail (périphérie nord).
Le grand élan de solidarité internationale laissait espérer. Mais, le désespoir et le doute se sont finalement installés dans les cœurs.
« L’aide est violente, arbitraire, aveugle, imbue d’elle-même. Un monstre paternaliste qui balaie tout sur son passage. Elle fait semblant de résoudre les problèmes qu’elle s’applique à entretenir », critique le cinéaste dans le film.
En marge de la projection, Raoul Peck est intervenu pour souligner l’intérêt de sortir du discours permanent de critiquer l’Etat haïtien dans la gestion de l’aide humanitaire en évoquant comme argument la faiblesse de celui-ci.
Cette tendance empêche d’aborder les discussions structurelles, relatives au sens même de l’aide, explique t-il.
Le cinéaste plaide en faveur de la prise en compte des compétences haïtiennes dans la reconstruction du pays.
« Le terrain est vicié par un ensemble d’influences que nous ne contrôlons pas. Quand quatre-vingt pour cent de l’argent du budget d’un Etat n’est pas entre ses mains, c’est une grande perte de légitimité et de pouvoir », fait-il remarquer.
Soulignant le dysfonctionnement de l’aide, il appelle tous ceux qui sont impliqués dans cette reconstruction à rebattre les cartes et repenser l’ensemble du dialogue enclenché.
Le film a été déjà présenté en première mondiale, le samedi 9 février 2013, au festival international du film de Berlin (Allemagne) qui s’est déroulé du 7 au 17 février. (alterpresse.org)
Merci Raoul Peck
Quand le marche de l’aide finirat-il- par ceder la place a la raison? quand finira-t-on par stopper cette industrie qui utilise la pauvrete comme moyen de production? Si le tremblement de terre est devastateur. Que dirions-nous du comportement de ces vendeurs de projets qui sacrifient tout sur l’autel de la deraison pour gagner des dollars qui portent indelebilement la marquent de la honte et de la bettise humaine.
Loin de nous decourager cette situation devrait interpeller notre conscience de peuple. Nous pouvons changer les choses. Gardons la tete haute et restons attacher a notre reve de peuple. Travaillons ensemble pour construire un projet commun repondant aux besoins de notre pays.
Chapeau Raoul Peck.