Haïti acceuille la Conférence régionale sur le sida
La Société internationale de lutte contre le sida (IAS), de concert avec les centres Gheskio et le Ministère de la Santé publique et de la Population (MSPP), organise les 28 et 29 novembre à l’hôtel Karibe, à Pétion-Ville la conférence régionale sur le sida. 23 représentants de différents pays de la Caraïbe discutent au sujet des décisions à prendre pour freiner l’épidémie de sida dans la région. L’implémentation de la PrEP (Prophylaxie préexposition), la rétention en soins et la tuberculose sont, entre autres, termes en discussion.
« Science et communautés caribéennes dans la réponse au VIH », tel est le thème qui réunit les spécialistes en santé, les représentants d’une quinzaine de pays venus de la Caraïbe, des invités venus de la Suisse, des Etats-Unis, du Kenya, entre autres, à Pétion-Ville (Haïti), pour débattre sur le VIH/Sida. Les représentants des homosexuels, de la jeunesse, des organisations œuvrant dans la lutte contre le sida complètent ce petit tableau de beau monde.
Ce symposium fait suite à la grande assemblée sur le sida qui s’était tenue aux Pays-Bas en juillet dernier. Il est notamment question de mesurer comment la région caribéenne peut appliquer les découvertes scientifiques présentées à Amsterdam.
Dans la région, les progrès réalisés sont modérés. Encore, on enregistre bon nombre de gens qui n’ont toujours pas accès aux soins, au traitement que leur cas nécessite, a fait ressortir dans son intervention la représentante du Partenariat Pan-Caraïbe contre le VIH/Sida (PANCAP), Singh Shanti.
En Haïti, soutient pour sa part le responsable de l’Unité de formation des centres GHESKIO, le Dr Bernard Liautaud, le sida reste un problème majeur. Certes Haïti a connu des progrès dans la prévalence mais il y a beaucoup de chemin à faire. En ce qui a trait à la prise en charge, le médecin fait savoir que les médicaments utilisés, dans certains cas, ne répondent pas. Certains patients développent une résistance aux médicaments.
«Nous savons qu’on a des problèmes importants de résistance aux médicaments antirétroviraux utilisés depuis 2003. Il faut les remplacer par une nouvelle génération de médicaments. Il y a de nouvelles mesures, de nouveaux médicaments et des nouvelles techniques de prévention comme la PrEP à envisager », a-t-il martelé.
Le Dr Kesner François, responsable de l’Unité des soins et traitement au PNLS, précise qu’au niveau mondial, il est question d’introduire de nouvelles molécules dans les régimes de traitement, surtout le régime de traitement de première ligne. Les pays de la Caraïbe tout comme Haïti doivent leur emboîter le pas : « On a vu que les inhibiteurs de l’intégrase est une classe de médicaments qui donnent des résultats dans trois mois. Une personne peut avoir une indétectabilité, une suppression virale dans trois mois », a-t-il expliqué. Les inhibiteurs de protéase représentent un autre exemple d’accomodement qu’il faut faire.
Pour la première journée, les discussions ont également porté « sur ce qui peut se faire pour améliorer la rétention en soins ». Il a été constaté que plusieurs patients haïtiens ont abandonné les traitements antirétroviraux. Selon le Dr Kesner François, plusieurs facteurs en sont les causes. Les experts en ont profité pour réfléchir sur les solutions à apporter.
L’implémentation de la PrEP (Prophylaxie préexposition) n’était pas en reste à cette première journée des assises. La PrEP protège les personnes n’utilisant pas systématiquement le préservatif. Cette stratégie de prévention développée et approuvée par les scientifiques consiste à donner les médicaments aux personnes à haut risque. Cette stratégie est déja mise en application dans les pays développés. Les experts croient que les autorités des pays de la région doivent y penser pour atteindre les objectifs de 2030.
Dans les pays de l’Amérique latine et des Caraïbes, 2,1 millions de personnes vivent avec le VIH. La couverture du traitement était en 2016 de 54% dans la région, soit 58% en Amérique latine et 52% dans les Caraïbes. Le nombre de décès liés au sida dans la région a baissé à 19%. Le nombre annuel de nouvelles infections parmi les adultes reste stable, soit 120 000 nouvelles infections. En Haïti, la prévalence a chuté. Elle passe de 2,2% à 2%.
Edrid St Juste
Le Nouvelliste