Le sens de l’Etat et les politiques publiques: à quand une véritable réforme dans l’administration publique haïtienne ?
Les responsabilités de l’Etat envers les citoyens à travers des politiques publiques efficaces et la nécessité de conduire d’importantes réformes au niveau de l’administration publique haïtienne, notamment des réformes institutionnelles, ont été ce weekend dernier au centre de la 2eme édition du symposium de la firme Consultation et Résultats, sous le haut patronage de l’Office de Management des Ressources Humaines (OMRH).
Ce symposium, lancé depuis jeudi à l’OMRH sous le thème » le sens de l’état et les politiques publiques: deux défis majeurs pour l’Administration Publique haïtienne » a pris fin ce weekend dernier au Karibe Convention Center sur des notes, on pourrait dire, positives qui devraient interpeller non seulement les autorités actuelles et les aspirants autorités mais aussi la société civile qui elle même a un rôle majeur à jouer dans le cadre d’une perspective sérieuse de réforme de l’administration publique haïtienne.
Les discussions au cours de la journée du vendredi avec des experts nationaux et internationaux étaient axées sur des questions extrêmement importantes, notamment la qualité de la gouvernance en Haïti, la croissance démographique face à de faibles croissances économiques en dent de scie, le lien entre le politique et l’administratif, la gestion des risques, le rôle que doivent jouer des politiques publiques stratégiques dans la résilience urbaine et la nécessité d’avoir de bonnes institutions publiques.
Donc, ce symposium a encore renforcé notre réflexion sur les raisons selon lesquelles les différentes politiques gouvernementales, manifestées à travers des programmes et projets ont échouées et seront toujours vouées à l’échec, si rien n’est fait. Il s’agit tout simplement d’un problème d’ordre institutionnel qui doit être abordé de manière profonde à travers des politiques de réformes au sein du secteur public, pour passer de cette administration public traditionnelle, bureaucratique, budgétivore et pléthorique au nouveau management public ou encore les principes du nouveau management public qui préconise un Etat plus dynamique, plus efficace avec l’adoption du »managerialism » et un Etat qui travaille en étroite collaboration avec le secteur privé pour la prestation des services publics, ce que l’on appelle »partenariat public privé » dans le langage du nouveau management public.
De toute façon, il faut dire en toute honnêteté qu’en Haïti on ne fait pas encore de politiques publiques, mais de préférence de petits projets à droite à gauche pour répondre à des problèmes d’ordre social, économique et environnemental. Ce qui explique que les problèmes restent entiers, que ce soit au niveau de l’éducation, de la santé, de l’agriculture, de l’énergie de l’environnement et de la justice, entre autres.
Ce tableau sombre que présente l’économie haïtienne depuis quelques moi nous amène à se demander : à quand une véritable réforme de l’administration publique haïtienne ? De très petits progrès sont faits dans la mise en place de quelques institutions notamment l’Ecole Nationale d’Administration Publique et de Politique Publique (ENAPP), le Conseil Supérieur de l’Administration et de la Fonction Publique et l’Office de Management des Ressources Humaines (OMRH), mais cette dernière institution n’arrive pas encore à jouer pleinement son rôle à cause d’un manque de budget et des raisons d’ordre purement politique.
La persistance de la crise au niveau des hôpitaux publics et le bilan récent des dégâts causés par les dernières pluies diluviennes qui se sont abattues sur pratiquement tout le territoire national expliquent, entre autres, cette passivité de l’état et l’inefficacité d’une administration publique en matière de gestion de crise et des risques.
Il faut, qu’on le veuille ou non, une nouvelle dynamique au niveau du secteur public avec cette génération de brillants jeunes qui émergent avec des idées innovantes et porteuses de changement, sinon le pays restera livrer à des grands manitous politiques qui continueront à défendre leurs intérêts mais pas celui de l’économie haïtienne.
Riphard Serent, MPA (Policy)
Economiste