Le gouvernement Martelly/Lamothe a fait l’objet la semaine dernière de critiques sans précédent de la part de la Banque mondiale concernant l’utilisation des fonds recueillis du programme petrocaribe.
En effet, l’Envoyée spéciale de la Banque mondiale en Haïti, Mary Barton–Dock, a exprimé la semaine dernière toute son inquiétude concernant la façon dont le gouvernement utilise des fonds publics générés par le programme petrocaribe, disant qu’il existe un manque de transparence qui constitue le plus grand obstacle au développement économique du pays.
Cette déclaration de l’Envoyée spéciale de la Banque mondiale en Haïti, rapportée par le quotidien Reuters, a surpris toutes les autorités gouvernementales du pays car cette déclaration traduit la grande méfiance actuelle de la communauté des bailleurs vis-à-vis de ce gouvernement.
Selon la directrice du bureau de la Banque mondiale en Haïti, à travers petrocaribe, Haïti ne paie que 40% des factures pétrolières à court terme, tandis que le reste (60%) est remboursé sur une période de 25 ans pendant laquelle le gouvernement est libre de dépenser les fonds plus ou moins à sa guise.
‘’Les fonds de Petrocaribe, rapportant environ 300 millions de dollars américains chaque année à l’économie haïtienne, constituent l’une des principales sources de revenus pour le gouvernement haïtien et exigent une utilisation rationnelle « , a déclaré Barton –Dock, le numéro 1 de la Banque mondiale en Haïti.
‘’La Banque mondiale souhaite voir une meilleure communication sur l’utilisation des fonds de Petrocaribe’’, a indiqué Barton -Dock qui stipule également à la presse que la transparence dans l’utilisation des fonds de Petrocaribe en Haïti est minime et nettement insuffisante.
Selon elle, la gestion du budget d’investissement petrocaribe doit être améliorée ainsi qu’un système d’arbitrage pour déterminer les investissements les plus rentables et les plus importants pour l’économie haïtienne, ce dont nous avons toujours fait la promotion dans cette rubrique quand nous parlons de ce programme petrocaribe.
L’Envoyée spéciale de la Banque mondiale en Haïti a exprimé la nécessité de renforcer le système de passation de marchés en Haïti et la nécessité pour que les contrats attribués soient sujets aux règles de la concurrence.
Comme le quotidien Reuters l’a rappelé ce weekend dernier dans son article, certains économistes continuent de signaler qu’Haïti est trop dépendante de petrocaribe à un moment où le Venezuela cherche à modifier ses modalités de financement, en raison des contraintes internes de flux de trésorerie et des pénuries de produits. L’économie vénézuélienne a en outre beaucoup de faiblesses structurelles: manque de diversification au niveau de son économie et son niveau de croissance a été traditionnellement faible depuis l’avènement du président Hugo Chàvez et son successeur Nicolas Maduro.
Selon les chiffres de la Banque mondiale, Haïti doit plus de 1 milliard de dollars américains à petrocaribe et honore son service de la dette à seulement 1% d’intérêt. Il faut dire que quand Haïti a rejoint Petrocaribe, il a reçu une période de grâce de trois ans qui expire en 2014 et c’est à ce moment que le pays va commencer à rembourser la dette principale.
Cette intervention de l’Envoyée spéciale de la Banque mondiale en Haïti la semaine dernière constitue une douche froide des plus significative qui ne manquera pas d’avoir des conséquences sur l’économie de ce pays, car la représentante de la Banque mondiale a aussi déclaré que les flux d’aide de la banque vers Haïti vont diminuer. Et, ce qu’il faut comprendre c’est qu’elle n’aurait jamais fait de telles déclarations sans l’autorisation de ses chefs et l’accord des autres bailleurs. Donc, plusieurs secteurs donnent maintenant raison au Sénateur Jocelerme Privert, président de la commission économie et finance du sénat, qui avait déjà dénoncé ce manque de transparence au niveau de la gestion de ces fonds générés par le programme petrocaribe.
Riphard Serent
Vision 2000
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