Haïti – Économie: La République Dominicaine rembourse ses dettes au Venezuela. Qu’en est il d’Haïti ?
Le ministre des Finances de la République dominicaine Simon Lizardo a déclaré la semaine dernière que son pays a payé la quasi-totalité d’une dette de 4,1 milliards de dollars dus au Venezuela pour des années d’importations de pétrole dans le cadre du programme de Petrocaribe après une grande collecte de fonds à travers une vente d’obligations la semaine dernière.
Avec une réduction de plus de 50% de cette dette, le gouvernement dominicain a payé pratiquement 1,93 milliards pour honorer 98% de sa dette au Venezuela, a déclaré jeudi dernier aux journalistes à Santo-Domingo le ministre des Finances de la République dominicaine Simon Lizardo.
Apres cette transaction, la dette publique de la RD sera immédiatement réduite pour atteindre seulement 3,3 % du produit intérieur brut.
Rappelons que le gouvernement dominicain avait accumulé la dette au titre de financement préférentiel accordé en tant que membre du programme énergétique Petrocaribe du Venezuela. Il faut dire que depuis 2005, le Venezuela a travers le Petrocaribe a vendu plus de 28 milliards de dollars en exportations de pétrole vers les pays de la Caraïbes et de l’Amérique centrale. Selon la loi initiale, les pays paient pour une partie et le reste est remboursé à un taux de 1 à 2 % sur 25 ans.
La République dominicaine, ce pays de 10,4 millions d’habitants, est l’un des principaux bénéficiaires du pétrole de Petrocaribe. Il est autorisé à recevoir jusqu’à 50 000 barils de pétrole par jour contre 14, 000 barils pour Haïti qui devrait passer à 20,000 barils.
Pour Haïti, de l’entrée en vigueur de l’Accord PetroCaribe au 31 décembre 2014, le montant total de ces importations est d’environ 32.7 millions de barils de produits pétroliers pour le pays, ce qui s’élève à un cout de 3,54 milliards de dollars américains. La dette à long terme cumulée au 31 décembre 2014, devant être payée sur une période de 25 ans, se chiffrerait à 1,98 milliards de dollars, mais la dette effective d’Haïti est de 1,58 milliards de dollars américains suite a l’annulation de plus de 300 millions de dollars après le 12 janvier 2010.
La question maintenant, est ce que Haïti a les moyens de rembourser sa dette, qui grossit chaque jour et constitue un fardeau pour nos jeunes et nos enfants à venir, pour ainsi suivre l’exemple de la République Dominicaine, qui comme bon payeur, bon gestion, partenaire loyal et capable aussi, vient de payer ses dettes.
Une question difficile à répondre. D’ailleurs le solde bancaire du Petrocaribe au 31 Décembre 2014 est à peine autour des 80 millions de dollars. Nos recettes douanières ou celles de la DGI ne sont même pas suffisantes pour le fonctionnement normal de l’Etat, voire penser à dégager des excédents pour payer les dettes. Et le plus dure, c’est que notre Etat n’est pas en mesure d’émettre des obligations comme la RD, la Jamaïque, sur le marché international pour recueillir des fonds. Une forme de financement assez intéressante qui est pratiquée par plusieurs autres pays de la Caraïbes pour financer des activités de grande envergure. Mais dommage, la mauvaise gouvernance, le niveau d’insolvabilité et du manque de crédibilité d’Haïti par rapport aux investisseurs du monde, nous empêche d’aller chercher voire obtenir du financement sur ces marchés de capitaux.
Comme conséquence, les ressources sont donc peu diversifiées, avec une économie dépendante des transferts et les fonds de Petrocaribe, et quelques programmes de dons de certains bailleurs qui deviennent plus rares et plus insignifiants ces jours-ci. Bref, le défi économique de ce pays, est aussi grand que le défi électoral qui nous attend. On se demande, par ou devra t-on commencer si on doit résoudre les problèmes de ce pays ?
Etzer S. Emile, M.B.A
Economiste
Radio Vision 2000