Défis de croissance en 2016 au niveau des économies caribéennes : Haïti n’est pas épargnée

 

 »Les économies de la Caraïbe continuent de faire face à des défis de croissance en 2016 », c’est ce qu’a révélé le quotidien Miami Herald dans un dernier article rendu public, suite à la dernière publication de la Commission Economique de l’ONU pour l’Amérique Latine et la Caraïbe (CEPAL) sur les perspectives économiques de la Caraïbe.

En effet, selon les prévisions de la CEPAL, les économies de la Caraïbe devraient croitre de seulement 0.2%, avec les pays anglophones de la région prédits de faire un peu mieux, jusqu’à 1.6% de croissance. Cette année, la croissance de la région sera dirigée par la République Dominicaine (2ème économie de la Caraïbe) et la Dominique avec 5.2% de croissance chacune, suivi par St. Kits and Nevis 4.7%.

Entre temps, Cuba, la première économie de la Caraïbe avec un produit intérieur brut dépassant les 77 milliards de dollars américains, est en train de jouir et de bénéficier de l’amélioration de ses relations avec les Etats-Unis et devrait enregistrer une croissance de 4.2% cette année selon la CEPAL. D’autres économies qui feront des progrès cette année sont Antigua et Barbuda avec 3.8% de croissance, Guyana 3.4%, Grenade et Bahamas 2.4% chacun.

En ce qui concerne l’économie haïtienne, il y a quand même quelques contradictions avec les chiffres de la CEPAL qui parlent de 2% de croissance pour l’économie en 2015, alors que les chiffres officiels de l’ISHI et de la BRH qu’on a aussi diffusés dans plusieurs rapports nationaux  tablent sur un taux de croissance de l’économie haïtienne de 1.7% en 2015. Toutefois, les experts de la CEPAL croient qu’Haïti devrait faire mieux cette année avec des prévisions de croissance de 2.5% pour l’économie, sans donner des détails sur les branches d’activités qui vont booster cette croissance dans cette conjoncture politique et économique difficile. A rappeler que ces prévisions de croissance qu’on devra réviser sou peu sont de 3.6% dans le budget de l’exercice en cours.

Selon le président de la Banque Caribéenne de Développement, William Warren Smith, les économies de la Caraïbe sont en mode de reprise. Par exemple 13 des 19 pays de la région devraient afficher une croissance plus rapide, pendant que deux des pays les plus forts, à savoir Trinidad et Tobago et Suriname risquent de connaitre une croissance plus bas que 0%, a noté la banque dans son rapport annuel sur l’économie de la Caraïbe.

Le numéro 1 de la Banque Caribéenne de Développement se montre optimiste pour 2016 mais avec prudence et affirme que la relance de l’économie de la Caraïbe se fait à un moment de grandes incertitudes au niveau de l’environnement externe.  En effet, les menaces externes sur les économies de la Caraïbe comprennent cette possibilité de faiblesse économique en Europe et en Amérique du Nord, l’augmentation des taux d’intérêt aux USA et l’appréciation du dollar, la baisse des prix des matières premières, la chute des investissements, la morosité de l’économie chinoise qui devrait croitre de seulement 6.9% cette année, la propagation du virus Zika qui menace le tourisme régional, les perspectives de faible croissance de l’économie mondiale en 2016, soit 2.9%, et la détérioration des l’échange, notamment pour le pétrole et les exportations minérales.

Un autre problème majeur que confrontent plusieurs pays de la région, comme le Belize par exemple, c’est que beaucoup de banques aux Etats-Unis ont rompu leurs relations avec des banques au niveau de la Caraïbe à cause de cette question de risque de blanchiment d’argent. Donc on peut imaginer les implications d’une telle crise sur la stabilité financière et économique de la région, en particulier sur le commerce international, les transferts privés, les structures de production, la consommation et l’investissement au niveau des pays concernés. Entre autres, le chômage, la sécheresse et la chute des prix des produits pétroliers ont eu des conséquences sur la croissance de la région en 2015 et continueront à avoir des impacts en 2016, selon les experts de la CEPAL.

Les défis de croissance en 2016 au  niveau de la région sont visibles et Haïti n’est pas du tout épargnée, surtout dans cette conjoncture politique et économique des plus difficile qui continue de repousser les investissements et ralentir les activités économiques.

Riphard Serent, MPA (Policy)

Economiste

riphardserent@gmail.com

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