Haïti – Économie: Analyse des développements observés dans l’économie haïtienne au troisième trimestre de 2015

La BRH a publié la semaine dernière, la note sur la politique monétaire pour le troisième trimestre de l’année fiscale 2014-2015, période couvrant les mois de avril, mai et juin 2015. En effet, ce rapport trimestriel analyse les développements observés dans l’économie haïtienne au niveau plusieurs indicateurs monétaires, commerciaux, mais également au niveau des finances publiques sans oublier le secteur réel.

Voyons d’abord l’évolution des prix dans l’économie. En effet, le taux d’inflation annuel a poursuivi son évolution à la hausse entamée depuis juin 2014. Il est donc passé de 6,4% en Mars 2015 à 6,6% en Mai. De même en variation mensuelle, le taux est passé de 0,3% à 0,8% entre mars et mai 2015. Cette accélération des prix est expliquée en partie par la réduction de la production agricole au cours de cette période en raison de la faible pluviométrie et d’un déficit d’investissement dans ce secteur a constaté la CNSA (Coordination Nationale de la Sécurité Alimentaire). Cette accélération des prix aujourd’hui s’associe également avec la forte dépréciation de la gourde, quand on sait que nous importons plus de 38% des biens alimentaires que nous consommons et plus de 60% des biens de manière générale.  

S’agissant du secteur externe, les informations disponibles témoignent d’une raréfaction de l’offre de devise attribuable au recul significatif des décaissements externes et d’une augmentation du déficit commercial.

Depuis l’exercice de 2010, les importations de biens et de services ont presque doublé par rapport à 2009 et leur niveau a été maintenu jusqu’en 2015, à un montant moyen de 4,3 milliards dollars américains. Toutefois les exportations et les transferts privés qui sont devenus les principales sources de devises du pays après la chute drastique des transferts publics (les dons), amorcée en 2013, ont cru à un rythme relativement stable. Cette évolution des principaux éléments de l’offre montre une raréfaction continue des entrées de devises dans l’économie par rapport à une demande croissante. Cette situation s’est amplifiée au cours de l’exercice 2015 entrainant une dépréciation accélérée durant le troisième trimestre, lit-on dans la note monétaire du 3eme trimestre de la BRH.

 

Pour contrer cette dépréciation, la BRH a procédé à des interventions sur le marché des changes d’avril à juin 2015 qui ont contribué, entre autres, à une évolution à la baisse des réserves internationales nettes, lesquelles ont totalisé 858,9 millions de dollars au 17 juin 2015 contre 921,7 millions de dollars un trimestre plus tôt.

Au niveau des finances publiques, les recettes de l’Etat pour la période allant d’octobre 2014 a Juin 2015 ont été de 41,24 milliards de gourdes, ce qui représente un taux de réalisation de 67,8% par rapport à la prévision de l’exercice. La perception moyenne mensuelle pour les huit premiers mois de l’exercice fiscale 2014-2015 est estimée à 4,7 milliards de gourdes alors que les dépenses moyennes mensuelles se chiffrent à près 6,3 milliards de Gourdes. Donc, l’Etat dépense tous les mois près de 2 milliards de gourdes au-dessus de ses moyens. En variation annuelle, les recettes totales pour le trimestre ont reculé de 16% alors que les dépenses ont cru de 42%.

Un financement monétaire de 8,9 milliards de gourdes a été enregistré au 24 Juin 2015 contre 3,9 milliards au trimestre précédent. Un financement monétaire du déficit public par la BRH qui affecte énormément les prix et le taux de change de manière négative. Donc on ne peut pas être surpris de voir la gourde de se déprécier de cette manière.

Bref, voilà les principaux points contenus dans cette dernière note sur la politique monétaire de la BRH, sans vraiment insister sur les données du marché monétaire et bancaire. Des indicateurs qui inquiètent non seulement au niveau des finances publiques, tant au niveau du secteur externe avec l’accélération du déficit commercial. Si l’Etat continue d’avoir ce type de comportement, nous allons assister à une aggravation de la situation, pour une gourde encore plus faible, pour une croissance encore plus maigre, et une misère plus aigue et presque généralisée.

 

Etzer S. EMILE, M.B.A

Economiste

Radio Vision 2000

etzeremile@gmail.com

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