Monde – Économie: Un nouveau rapport sur les inégalités dans le monde. Qu’en est-il d’Haïti ?
L’Organisation de coopération et de développement économiques OCDE a présenté hier jeudi 20 mai un rapport qui confirme que les écarts de revenus et de richesses se sont creusés depuis le milieu des années 1980 dans de nombreux pays. « Les inégalités dans les pays de l’OCDE n’ont jamais été aussi élevées depuis que nous les mesurons », a déclaré hier à Paris, le secrétaire général de l’OCDE, Angel Gurria, selon ce qui est rapporté dans le journal français Le Monde.
Dans ce rapport intitulé : Tous concernés : pourquoi moins d’inégalité bénéficie à tous ». l’OCDE fait affirme que le revenu des 10 % les plus riches est aujourd’hui 9,6 fois plus élevé que celui des 10 % les plus pauvres. Dans les années 1980, ce multiplicateur était de 7. » L’économiste français Thomas Piketty, qui a largement contribué au bouillonnement intellectuel sur cette question, a joué un rôle-clé dans l’analyse des inégalités de revenus et de richesses. Contrairement a ce qu’on croyait avant, les travaux de Piketty ainsi que ce nouveau rapport de l’OCDE, démontrent les implications majeures de l’inégalité sur le plan macroéconomique. Bref, les inégalités ne sont pas seulement dommageables à la cohésion sociale mais également elles nuisent à la croissance.
D’ailleurs l’étude intitulée Growing Unequal publiée en 2008, avait déjà fait le point sur l’accroissement généralisé des inégalités de revenus au cours des trente dernières années et son impact sur la croissance.
En effet, l’augmentation des inégalités dans le monde, et notamment dans les pays avancés entre 1985 et 2005 a coûté en moyenne près de 4,7 points de croissance cumulée a affirmé L’Organisation de coopération et de développement économiques OCDE.
En termes de recommandation pour arriver a réduire le fossé entre riches et pauvres et offrir à tous des possibilités de développement, l’OCDE, insiste sur l’accroissement de la participation des femmes au marché du travail, la promotion de l’emploi et un emploi de qualité, le développement de l’éducation et les compétences, et la mise en place d’une politique de redistribution efficace.
Haïti n’est pas exempt quand il s’agit d’inégalité, au contraire, nous avons l’impression que les fossés sont encore plus grands entre les riches et les pauvres dans ce pays. Donc, la lutte contre la pauvreté et les inégalités constitue un défi majeur et un vrai problème que les gouvernements qui se sont succédés n’arrivent jamais à bien aborder et à résoudre.
Sur une population de plus de 10 millions d’habitants, 55% vivent avec des revenus moyens en dessous de la ligne de pauvreté extrême de 1US$ par jour et 78% en dessous de la ligne de pauvreté générale de 2 US $. Ce qui fait un chiffre de près de 6 millions de pauvres, alors que selon plusieurs sources 1% des plus riches détiendraient de près de la moitié des richesses du pays selon la chaine anglaise BBC.
La persistance des inégalités et de la pauvreté donc est le résultat de mauvaise gouvernance haïtienne qui ont toujours préféré le saupoudrage aux interventions en profondeur et à grand impact. C’est aussi l’échec de plusieurs décennies de solutions non adaptées fabriquées et importées, qui ne font qu’augmenter la dépendance et détruire la capacité productrice du pays.
Le problème d’inégalité et de pauvreté doit être attaqué de fond a travers de bonnes politiques publiques et des activités à impact durable ou le pays et les habitants sont vu comme priorité des gouvernants et non le maintient au pouvoir et la jouissance.
Etzer S. Emile, M.B.A
Economiste
Radio Vision 2000