Haïti: »les droits humains doivent être placés au coeur de la reconstruction »
Un expert indépendant des Nations Unies, Michel Forst, a recommandé jeudi que les droits humains soient placés au cœur de la reconstruction d’Haïti ravagé en janvier par un violent séisme qui a jeté à la rue plus d’1,3 millions de personnes.
« C’est à partir de la question des droits humains qu’il faut réfléchir à la manière dont le plan de reconstruction va être mis en oeuvre », a soutenu M. Forst, en mission d’évaluation sur les droits humains en Haïti pour la deuxième fois depuis le séisme.
L’expert français a regretté que les droits humains n’aient pas fait l’objet d’une attention suffisante lors de l’élaboration du plan de reconstruction.
« Il faut qu’on montre à tous que la finalité du processus c’est de permettre aux Haïtiens de bénéficier de droits dont ils ont été trop longtemps privés. C’est le droit au logement, l’accès aux soins, aux services de base, à l’éducation pour tous et le droit de participer à une vie démocratique dans le pays », a-t-il énuméré.
M. Forst, qui a visité certains des 1.300 camps de déplacés, a déploré les conditions de vie des sinistrés du séisme.
« Je demande à nouveau un moratoire sur les expulsions forcées de déplacés des camps établis sur des terrains privés. Au moins tant qu’une stratégie nationale ne sera pas mise en oeuvre par le gouvernement d’Haïti », a lancé Michel Forst.
L’expert de l’ONU pour Haïti a d’autre part regretté le peu de progrès constaté dans l’établissement d’un état de droit dans le pays.
« En matière d’état de droit, je regrette le peu d’évolution structurelle dans le domaine de la justice malgré des efforts ça et là du ministère de la justice », a-t-il dit.
M. Forst, qui doit être reçu par le président haïtien René Préval, compte lui demander à nouveau de combler le vide constaté à la tête de la Cour de cassation, sans président et amputée de cinq juges depuis plusieurs années en dépit des appels réitérés au chef de l’Etat.
« La nomination de ces magistrats constitue la clé qui permet de déverrouiller l’ensemble des réformes de la justice en Haïti », a-t-il souligné, assurant: « Je vais demander au président de faire ces nominations ».
Dans le domaine pénitentiaire, M. Forst relève une tentation à remplir les prisons qui n’est « pas une réponse adéquate pour traiter la question de la détention préventive en Haïti ».
Il a enfin dénoncé la surpopulation des centres de détention où des détenus sont « entassés dans des conditions inhumaines ».
« Il faut que le système pénitentiaire en Haïti soit conforme aux exigences du droit international », a-t-il recommandé aux autorités.
AFP