Monde – Santé : Propagation du virus Ebola et ses répercussions économiques
La propagation du Virus Ebola continue de préoccuper les grands décideurs et analystes mondiaux, car ses répercussions économiques pourraient être des plus dévastatrices pour l’économie mondiale et particulièrement les pays les plus touches. En effet, au 5 novembre 2014, l’OMS (organisation mondiale de la santé) a déjà recensé 13 042 cas pour 4 818 décès, dont plus de la moitié au Liberia. Donc le virus affecte les vies à un rythme exponentiel et menace énormément les économies de beaucoup de pays.
C’est dans ce contexte que la Banque mondiale a publié un nouveau rapport qui évalue les effets à court et moyen termes de l’épidémie d’Ebola en Afrique de l’Ouest. Ce rapport fait suite à celui publié en septembre 2014 sur les répercussions de la crise en Guinée, au Liberia et en Sierra Leone.
En effet, selon ce nouveau rapport, les pertes économiques causées par le virus Ebola pourraient s’élever à 32,6 milliards de dollars au cours des deux prochaines années en Afrique de l’Ouest si l’épidémie se prolonge et se répand dans cette région.
Cette étude retient deux scénarios: dans le scénario optimiste dit de « faible Ebola », l’épidémie serait contenue d’ici début 2015 avec environ 20 000 cas, et l’activité économique reprendrait progressivement; dans le scénario pessimiste dit de « fort Ebola », l’épidémie serait circonscrite plus lentement et s’aggraverait jusqu’à mi-2015, pour toucher 200 000 personnes. Avec une importante propagation de l’épidémie aux autres pays de la région, des enfants perdraient leurs parents, les ménages perdraient des revenus et les entreprises seraient confrontées à une baisse de leur main d’œuvre à cause de travailleurs malades, décédés ou apeurés. Les secteurs agricole et minier ralentiraient ainsi considérablement.
Selon David Evans, Économiste principal à la Banque mondiale et coauteur du rapport, dans le scénario dit « bas », le rapport chiffre les pertes du PIB de l’Afrique de l’Ouest à 2,2 milliards de dollars en 2014, et 1,6 milliard en 2015. Dans le scénario dit « haut », ces pertes s’élèveraient à 7,4 milliards en 2014 et 25,2 milliards en 2015. Ces deux scénarios prennent en compte des effets de contagion à d’autres pays. L’impact financier d’Ebola croît sous l’effet de coûts directs (dépenses publiques de santé) et indirects liés à la baisse de la productivité avec nombre de travailleurs malades, mourants ou assistant leurs proches. À cela s’ajoutent les coûts plus élevés des activités économiques dans chacun des pays, mais aussi des échanges entre ces pays. Les « comportements de psychose » et la peur de contracter le virus Ebola privent beaucoup d’entreprises de leur main d’œuvre, perturbent les transports et conduisent les ressortissants des pays touchés par l’épidémie à limiter leurs voyages.
Voyons maintenant l’impact sur chacun des pays la où Ebola a déjà un impact considérable a savoir la Guinée, le Liberia et la Sierra Leone, et également sur les autres pays proches qui n’ont pas été touchés jusqu’à présent.
D’abord, le Liberia, qui présente le plus fort taux de contamination, pourrait voir son PIB se contracter de près de 5,2% en 2015, appauvrissant le pays de 100 millions de dollars.
En Côte d’Ivoire, certes aucun cas d’Ebola n’a été recensé jusqu’à présent, mais le pays a fermé ses frontières avec le Liberia et la Guinée et imposé des contrôles de santé aux visiteurs.
Au Sénégal, les conséquences d’Ebola sur le tourisme pourraient réduire le PIB annuel de ce pays de 1%. Le rapport relève également que plusieurs conférences ont déjà été annulées et que les vols à destination du Sénégal sont moins remplis.
Pour la Gambie, depuis l’apparition du virus Ebola en Afrique de l’Ouest, on estime que 65% des réservations d’hôtel en Gambie ont été annulées.
Enfin, l’étude recommande: Aux gouvernements et aux partenaires internationaux de jeter les bases de politiques qui pourront contenir l’épidémie et faire disparaitre les craintes des agents économiques et investir dans des systèmes de santé efficaces et résilients y compris dans la surveillance épidémiologique.
Il faut donc une vigilance très sérieuse en Haïti, car notre économie est déjà trop précaire et fragile pour supporter un tel virus qui serait des plus catastrophique dans l’histoire de ce pays. La décision de bloquer la rotation des soldats de la MINUSTAH en général et de contrôler spécifiquement l’arrivée ici de 140 soldats sénégalais depuis deux semaines est des plus appréciée. Nous espérons cependant que ce ne sont pas des dispositions temporaires et que le gouvernement continuera de prendre ses responsabilités pour épargner l’économie haïtienne de ce désastre.
Etzer Emile, M.B.A
Economiste
Radio Vision 2000