Situation récente des revenus des ménages américains

Les revenus des américains n’augmentent toujours pas malgré la reprise économique, selon un dernier rapport du Bureau du recensement sur  l’évolution des revenus et de la pauvreté aux Etats-Unis.

En effet, selon ce rapport, le recul régulier du taux de chômage américain au cours de l’année 2013 n’a pas fait reculer les inégalités de revenus. En d’autres termes, la reprise aux Etats-Unis tarde à diffuser ses effets dans l’ensemble de la population américaine.

En fait, le revenu médian de l’américain n’a pas évolué pour la deuxième année consécutive. Celui-ci s’établit à 51 939 dollars, soit 8 % de moins par rapport à 2007, lorsque la récession a commencé, et 4 % de moins par rapport à 2009, date du début de la reprise de la croissance aux Etats-Unis. « Le revenu moyen des ménages américains est encore inférieur de 5 000 dollars à ce qu’il était en 2009 », souligne Justin Wolfers du Peterson Institute for International Economics, qui s’interroge sur la teneur de la reprise actuelle, parlant à propos de la période récente de « décennie perdue ». A titre de comparaison, les revenus des Américains avaient progressé de 13 % entre 1991 et 2000.

Il faut dire que derrière les moyennes se cachent de profondes inégalités. Si le revenu réel a progressé en 2013 de 2 064 dollars pour les 10 % des ménages les plus riches, celui des 10 % les plus pauvres a baissé de 13 dollars.

Bref, le recul régulier du taux de chômage au cours de l’année 2013, qui est passé en douze mois de 7,9 % à 6,7 %, n’a pas fait reculer les inégalités de revenus. Le coefficient de Gini, couramment utilisé pour mesurer l’inégalité des revenus dans un pays, n’a pratiquement pas bougé aux Etats-Unis pour s’établir à 0,476 (un peu au beau milieu de l’inégalité totale et l’égalité parfaire, car 0 signifiant l’égalité parfaite et 1, l’inégalité totale). Depuis 1993, ce coefficient a augmenté de 4,9 %, rappelle le Bureau du recensement. Par ailleurs, pour le moment, la reprise économique ne parvient qu’à la marge à réduire la pauvreté. Le point positif est que celle-ci a reculé en 2013, pour la première fois depuis 2006. Ainsi 14,5 % de la population américaine, soit 45,3 millions d’individus, est considérée comme pauvre contre 15 % en 2012. Mais les chiffres restent encore très supérieurs à ce qu’ils étaient en 2007, avant la récession (12,5 %).

Autre élément encourageant, le Bureau du recensement indique, dans un rapport distinct, que le nombre d’Américains dépourvus d’assurance-maladie continue de chuter, à 13,4 %. Il s’agit de la troisième année de baisse. A noter que 2013 est la dernière année statistique avant la mise en œuvre de l’Obama Care, la réforme du système de santé qui vise à étendre la couverture à plus d’Américains. Les chiffres de 2014 devraient donc en toute logique marquer une nouvelle amélioration de la situation. Mais là encore, cette vue d’ensemble masque d’importantes différences en fonction de la catégorie de la population. Si 90,2 % des Blancs non hispaniques sont couverts par une assurance-maladie, seuls 84,1 % des Noirs le sont et 75,7 % des personnes d’origine hispanique.

Voilà la situation en termes d’inégalité, d’emploi et de revenus dans l’économie américaine. Une économie qui  influence grandement l’économie haïtienne, non seulement à travers les transferts de la diaspora, des programmes d’aides au développement, nos exportations (sachant que près de 70% d’entre elles vont vers le marché américain), les touristes qui visitent Haïti à peu près le même pourcentage en provenance des Etats-Unis. Donc ces données récentes sur la situation du revenu des ménages américains doivent nous préoccuper ici en Haïti.

Des chiffres mitigés, qui ne sont pas totalement encourageants, et qui peuvent susciter des inquiétudes ici en Haïti ou la situation est déjà très critique et ou  pratiquement les transferts de la diaspora représentent plus d’un quart du revenu national, nécessaires pour la consommation quotidienne, l’éducation, le loyer de et autres dépenses de millions d’haïtiens.

Etzer Emile, M.B.A

Economiste

Radio Vision 2000

etzeremile@gmail.com