Haïti – Économie: Unité de lutte contre la corruption (ULCC), 10 ans déjà, quel bilan ?
Haïti en général reçoit toujours de mauvaises notes de la Transparency International en ce qui a trait à la corruption. Cependant, pour tenter de réduire les pratiques et / ou les perceptions de corruption tous les gouvernements se disent toujours très engagés à combattre ce fléau pour le bien du pays et de l’économie en général.
Un pays comme Haïti, qui dispose déjà de très faibles moyens économiques, souffre beaucoup d’une corruption rampante rendant les institutions publiques inefficaces, et qui réduisent énormément les ressources disponibles qui seraient utilisée à des fins plus utiles.
Bref, ce sujet tombe au bon moment, puisque ce mois de septembre marque le dixième anniversaire de l’ULCC, Unité de Lutte contre la Corruption, qui est un organisme autonome à caractère administratif, crée par décret du 8 septembre 2004 et placé sous la tutelle du Ministre de l’Économie et des Finances. Sa création a été bien justifiée, et peut être considérée comme un pas important dans la lutte contre la corruption. Le ministre des finances Henri Bazin d’alors avait bel et bien raison.
Bref ! L’ULCC a pour mission de travailler à combattre la corruption et ses manifestations sous toutes ses formes au sein de l’administration publique afin de: Protéger les biens publics et collectifs; Assurer l’efficacité des mesures et actions afin de prévenir, dépister, sanctionner et éliminer les actes de corruption et infractions assimilées; Favoriser la transparence dans la gestion de la chose publique; Établir un climat de confiance pour promouvoir l’investissement privé; Définir une stratégie de lutte contre la corruption, Compiler les textes traitant de la corruption de la législation haïtienne; Mettre en place un code d’éthique et proposer un pacte d’intégrité; Assurer la mise en application des Conventions internationales; Mettre en place un système d’informations intégrées et de suivi ainsi qu’un système d’alerte permanent.
Voyons maintenant quelques indicateurs de son bilan. Conformément à la loi du 12 Février 2008, les fonctionnaires assujettis à la déclaration de patrimoine doivent déclarer leurs biens meubles et immeubles dans les trente (30) jours qui suivent la date de leur entrée en fonction et trente (30) jours après leur sortie. Donc, de 2009 à 2014, l’ULCC a reçu un total de 1438 formulaires, un nombre négligeable quand même, si nous considérons le nombre de fonctionnaires qui ont occupé des postes au cours de ces 5 dernières années.
Maintenant, regardons les chiffres en termes de plaintes et de dénonciations. De 2004 à date, l’ULCC a reçu seulement 231 plaintes et dénonciations. Parmi ces 231 plaintes et dénonciations, seulement 185 ont conduit à des enquêtes, et seulement 83 de ces enquêtes ont été finalisées sur les 10 ans, soit 35% des plaintes ont eu des enquêtes finalisées. Et enfin parmi ces cas qui ont conduit à des enquêtes finalisées, seulement 30 cas ont été déférés devant la justice. Dieu seul sait, combien de ces 30 cas, ont eu des suites, arrestations voire condamnation.
Voilà, le bilan de l’ULCC. Donc derrière les grandes célébrations en grande pompe, les tournées, conférences de presse, colloques et autres, sont cachés de maigres résultats. L’ULCC est donc très loin d’atteindre son objectif, qui est de « zéro corruption pour un pays émergent en 2030 ».
Nous aurions peut être plus de plaintes que seulement 231 sur 10 ans, si les victimes avaient plus de confiance dans ce système. Entre autre, nous aurions peut être plus de bonnes enquêtes, plus de cas déférées devant la justice, plus d’arrestations si les bourreaux n’avaient pas la capacité de blocage.
Ce 10eme anniversaire devrait signifier le renouveau de l’ULCC, mais la qualité de la gouvernance en Haïti ne favorise suffisamment d’autonomie à cette institution pour remplir sa mission convenablement. On espère que les dirigeants de cette institution vont repenser leurs stratégies à l’occasion de 10eme anniversaire et redynamiser l’ULCC pour qu’elle puisse se rapprocher davantage de sa mission, et donner de meilleurs résultats pour la croissance et le développement économique d’Haïti.
Etzer Emile, M.B.A
Economiste
Radio Vision 2000
L’Unite de Lutte Contre la Corruption en tant qu’institution a pour mission de combattre la corruption sous toutes ses formes au sein de l’administration publique a toute son importance en Haiti. Il est un fait que la lutte contre la corruption en generale n’est pas chose facile et encore moins pour Haiti qui a toujours ete un pays corrompu par tradition, l’ULCC a deja parcouru du chemin et en a encore a parcourir. Bref! A l’occasion de ce 10e anniversaire, je crois que l’ULCC doit penser serieusement a son autonomie et independance complete par rapport au pouvoir politique et ceci c’est un impreatif.