La hausse des prix du carburant c’est pour bientôt. L’Etat veut ainsi réduire ses pertes.

Hier matin le Secrétaire d’Etat aux finances Ronald Décembre a confirmé sur les ondes de vision 2000 qu’effectivement dans un mois ou plus, le gouvernement compte procéder à une augmentation du prix des carburants. La raison invoquée est que les subventions, qui permettent de stabiliser le prix des produits pétroliers, affectent lourdement le budget de l’Etat et deviennent insoutenables dans le contexte économique actuel.

C’est une façon également d’aligner le prix du carburant en Haïti avec celui de la RD, sachant que la république voisine vend son carburant plus cher que nous. Présentement le gallon de la gazoline premium est vendu 266.7 peso et la gazoline regular à 250,20 peso, par rapport à notre gallon de gazoline de 200 Gourdes. Donc sachant qu’un peso dominicain est autour de 1 gourde 04, nous voyons facilement que le gallon de gazoline en République Dominicaine est entre 50-70 Gourdes plus cher que le gallon en Haïti. Comme conséquence, nous enregistrons ici ce qu’on pourrait appeler un effet de débordement encourageant les résidents de la République Dominicaine à s’approvisionner sur le marché haïtien, ce qui encourage la contrebande.

Revenons sur les pertes de l’Etat haïtien en menant les pratiques de subventions du carburant. Donc,  selon les chiffres du MEF les pertes de recettes dues à la subvention de carburant sont dans l’ordre de 17.1 milliards de gourdes sur 4 ans, soit entre 2009 et 2013. De manière détaillée, l’Etat haïtien a enregistré une perte de recettes dues à la subvention de carburant de 1.08 milliards de gourdes (2009-2010), 4.44 milliards de gourdes (2010-2011), 4.71 milliards de gourdes (2011-2012), 6.89 milliards de gourdes (2012-2013). C’est quand même considérable pour un Etat reconnu techniquement en faillite et qui enregistre des déficits budgétaires chroniques.

Bref ! Ce qui est certain, on verra les prix à la pompe à un niveau plus élevé que maintenant, Dieu seul sait, combien de gourdes le gouvernement va mettre sur le gallon. Cette mesure qui sera prise au nom de la lutte contre le déficit budgétaire, qui est d’ailleurs financé en grande partie par la BRH à travers l’émission de ses bons, doit avoir des implications socio-économiques sur le pays. L’idée de subventionner les produits pétroliers est intimement liée à la volonté du gouvernement de sauvegarder le pouvoir d’achat des plus démunis. Par la stabilisation des prix des produits pétroliers, entrant dans les coûts de production de plusieurs biens et services, l’Etat cherche à contenir les frustrations des populations dont le pouvoir d’achat est très faible. Maintenant, quand le gouvernement cessera la subvention, l’effet inverse sera produit, ce qui affectera énormément le cout de la vie et le pouvoir d’achat.

Il faut noter que les institutions de Bretton Woods, notamment le Fonds monétaire international (FMI), déconseillent généralement la subvention des biens de consommation, dont les produits pétroliers, donc cette mesure d’arrêt ou de diminution des subventions s’alignera sur les politiques du FMI. Cette éventuelle augmentation des produits pétroliers et des tarifs routiers pourrait influer, de manière négative, sur la production nationale. A n’en pas douter, cette nouvelle hausse des prix des produits pétroliers qui entraînera la fixation de nouveaux tarifs pour les divers circuits de transport en commun dans le pays pourrait susciter des tensions inflationnistes dans une économie en convalescence. D’ailleurs, le transport représente près de 14% dans le panier de la ménagère, donc une rubrique pas du tout marginale dans les dépenses du citoyen haïtien.

Egalement pour les industriels qui mobilisent de l’énergie dans les processus de production (pétrole, gaz ou électricité), l’augmentation du prix du carburant va avoir des répercussions sur leurs coûts de production et leur prix de vente. Une telle situation va certainement mettre aussi de l’huile sur le feu des revendications des mouvements contre le gouvernement actuel et compliquer la situation socio-politique.

Nous comprenons très certainement les soucis et les contraintes du gouvernement qui veut en quelques sortes réduire ses pertes, et un peu réduire son déficit budgétaire, un problème qui également peut être aborde à d’autres niveaux, mais la grande question, le gouvernement a-t-il les moyens d’adoucir le choc de la hausse des prix des carburants sur les consommateurs dans ce contexte de misère et de chômage ?

Etzer EMILE, M.B.A

Radio Vision 2000

etzeremile@gmail.com

Une pensée sur “La hausse des prix du carburant c’est pour bientôt. L’Etat veut ainsi réduire ses pertes.

  • 12 juin 2014 à 3:01
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    Les autorités reconnaissent que la situation est difficile mais pourquoi elles gaspillent les maigres ressources dans les Carnavals: carnaval février, carnaval 14 mai, carnaval des fleurs. Un Etat responsable aurait diminué son train de vie pour aider le peuple a franchir le cap en évitant les déplacements inutiles à l’Etranger, les longs cortèges des officiels, en utilisant des véhicules modestes, en stoppant les importations des produits luxueux, en favorisant une gestion rationnelle des ressources du pays. Mais Pourquoi, c’est toujours le peuple qui paie le coup cassé de la mauvaise gestion des dirigeants.
    Haiti est vraiment une république à l’envers. Députés et Sénateurs dont le role est de controler les actions du gouvernement se plaignent connstamment à la radio comme un simple citoyen que le gourvernement gaspille les ressources. Les membres du gouvernement rejettent la responsabilité de leur échec sur l’opposition. Il suffit seulement d’entendre les membres du gouvernement dans les radios: Il faut que l’on fasse ceci ou ceci, comme si cette tache revient à quelqu’un d’autre.
    La presse n’a pas suffisamment démasqué l’arrogance du Pouvoir, alors qu’il affiche partout 3 ans de progrès et de développement à la radio il se plaint que le pays va mal, quelle abbération.  »Peyi a ap vanse » pi fon nan trou a.

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