Situation des transferts de la diaspora dans la zone des Caraïbes: Le cas d’Haïti
Le Fonds d’Investissement Multilatéral (FOMIN) de la BID a rendu public cette semaine son dernier rapport sur les envois de fonds vers la région des Caraïbes qui fait état d’une augmentation de 3 % des ces transferts en 2013. En effet, les envois de fonds vers la région s’élèvent à 8,51 milliards de dollars américains, soit une hausse de 3 % par rapport à 2012, ce qui correspond à une croissance de 8,9 % en monnaie locale et une augmentation de 3,3 % en monnaie locale ajustée de l’inflation.
«Les envois de fonds vers l’Amérique latine et les Caraïbes restent une source importante de revenus pour des millions de familles pauvres et vulnérables », a déclaré le directeur général du FOMIN Nancy Lee. « Les destinataires des transferts de la diaspora ont besoin plus d’accès à des outils financiers qui les aideront à utiliser les envois de fonds de manière plus optimale et faire des investissements pour leur avenir dans des domaines comme l’éducation, le logement, et le démarrage et la croissance des entreprises. »
La République dominicaine championne de la zone des Caraïbes a reçu à elle seule 3,33 milliards de dollars américains de transferts en 2013, soit une augmentation de 5,5 % par rapport a 2012, donc en d’autres termes, la RD a reçu près de 40% du flux total d’envoie de fonds vers la zone des Caraïbes. La République voisine est suivie par la Jamaïque, qui a reçu $ 2,06 milliards de dollars des envoies des fonds et Haïti vient en troisième position avec un revenu de 2,017 milliards de dollars américains de la part des transferts de la diaspora, ce qui représente près de 24% du total des envoies de fonds reçus par la Caraïbe. Cela veut dire que, sur presque 100 dollars envoyés vers la Caraïbes, Haïti reçoit près d’un quart soit 24-25 dollars. En 4eme position vient Trinidad and Tobago qui a reçu seulement 131 millions de dollars des transferts de fonds, un montant qui représente presque 15 fois moins le total reçu par Haïti.
Il faut dire globalement la région Amérique latine et Caraïbes a reçu un total de $ 61,251 milliards de dollars de transferts l’an dernier, avec les États-Unis, la source de provenance principale de ces transferts prives avec une part d’environ 75%.
Selon les statistiques disponibles, plus de 30% des familles haïtiennes reçoivent sur une base mensuelle des transferts prives en provenance de la diaspora. Pour beaucoup de familles, ces transferts prives de la diaspora constituent la source première de revenu dans un pays de misère et de chômage.
Si on fait un petit historique, avant la période de l’embargo de 1991, ces transferts financiers de la diaspora haïtienne étaient un peu inferieur à 50 millions de dollars. 4 ans après, soit en 1995, ils ont doublé pour atteindre la barre des 100 millions en 1995.
Plus loin, selon une étude de la Banque Mondiale, de 1998 à 2011, ces transferts de la diaspora vers l’économie haïtienne sont passés de 327 millions à 1.57 milliards de dollars américains. Deux ans après le tremblement de terre, en 2012, le montant de ces transferts s’était élevé à 2.29 milliards de dollars soit environ 31% du Produit Intérieur Brut (PIB) d’Haïti, quand on y inclut les transferts informels, c’est-à-dire ceux qui rentrés dans l’économie sans passer par des maisons de transfert et les banques. En 2013, le montant de 2,017 milliards de dollars recueillis de la diaspora traduit clairement une baisse de -4% par rapport à 2012 en monnaie nationale ajustée à l’inflation.
Les transferts privés de la diaspora n’arrivent pas à participer au développement des activités productives dans l’économie du pays; les chiffres viennent de le confirmer avec seulement 23% de ces montants étant destinés à l’investissement dans l’économie. Bien qu’il serait difficile d’attendre un plus grand pourcentage à l’investissement avec cette misère en Haïti, cela constitue quand même un manque à gagner pour l’économie et qui justifie les faibles retours de ces flux de transferts prives qui dépassent la barre de 2 milliards de dollars. Nous sommes devenus de plus en plus dépendants de ces transferts qui n’ont pas augmente malheureusement en 2013 par rapport à 2012 dans un contexte de refus des bailleurs de nous prêter de l’argent, et des incertitudes autour du programme PetroCaribe. Cette étude qui confirme également le manque de diversification des sources de nos revenus, avec un fort pourcentage de 25 à 30% du PIB, alors que ces transferts de la diaspora représentent à peine 5% du PIB dominicain, donc, ils ont tout un éventail d’activités, dans des secteurs divers qui font avancer leur économie, qui est de plus en plus dynamique.
Bref ! La situation s’annonce vraiment difficile pour l’économie haïtienne qui n’est du tout pas sur une bonne pente. Nous ne jouons pas le jeu du prophète de malheur, mais nous voulons anticiper les pires scénarios pour qu’ils ne nous surprennent pas, afin que nous soyons préparés.
Chiffres pour aujourd’hui: 23%
Selon les résultats d’une étude du Fonds multilatéral d’investissement (FOMIN) de la BID réalisé en 2006, seulement 23% du montant des transferts a été utilisé pour l’investissement en Haïti, sinon il est majoritairement utilisé pour des dépenses en bien de grande consommations, pour le paiement de frais de scolarité, de santé ou des dépenses de loisirs.
Etzer EMILE, M.B.A
Radio Vision 2000