La République Dominicaine espère doubler leur exportation d’œufs vers Haïti
La Direction de l’élevage du ministère de l’Agriculture en République Dominicaine prévoit de redémarrer dans environ 60 jours les exportations d’oeufs et de poulets vers Haïti, selon ce qu’a rapporté un article du journal dominicain Listin Diario. Donc, les producteurs dominicains prendront ces deux mois pour se mettre en règle et satisfaire les exigences du gouvernement haïtien en termes de certification. On se rappelle qu’en juin de l’année dernière, le gouvernement haïtien avait interdit l’importation et la vente des produits avicoles dominicaines pour éviter les risques de propagation de la grippe aviaire. Une mesure qui avait affecté énormément leur commerce des œufs avec Haïti, un secteur qui a donc connu une chute de près de 86% en 2013.
Maintenant, après cette période de forte décroissance de leur vente d’oeufs vers Haïti, les producteurs dominicains suite au récent accord avec Haïti veulent rebondir et s’attendent désormais à doubler leur volume de ventes en œuf sur le marché haïtien.
Donc selon le président de l’Association des Producteurs d’œufs de la République Dominicaine (ASOHUEVO), Manuel Seat, les exportations vers Haïti bien avant l’interdiction de 2013 qui étaient de l’ordre de 30 millions d’œufs par mois, équivalent a 2,8 millions de dollars américain de ventes, pourraient doubler pour atteindre le niveau des 60 millions d’unités par mois, qui serait synonyme de 5,6 millions de dollars américains par mois. Donc, concrètement, les œufs dominicains on les recevra désormais en quantité double.
Il semble bien que les mois d’interdiction ont donné un regain de confiance aux producteurs voisins, et une plus grande motivation à nous vendre des œufs. Ils vont donc passer à une vitesse supérieure et veulent doubler les exportations d’œufs vers Haïti, pour en quelque sorte récupérer ceux qu’ils ont perdu en termes de chiffres d’affaires pendant ces quelques mois d’interdiction.
Le grand paradoxe, c’est que selon les estimations du ministère de l’Agriculture, la consommation moyenne des consommateurs Haïtiens est entre 30 et 40 millions d’œufs par mois, tandis que le département de l’élevage de la RD promet d’exporter 60 millions d’œufs par mois d’ici 2 mois. Donc, en clair, ils vont nous vendre un peu plus que ce qu’on a l’habitude de consommer sur une base mensuelle. Est-ce qu’on sera en mesure d’absorber tous ces 60 millions d’unités ? Ils prévoient peut être que nous allons augmenter notre consommation d’œuf ou faut-il croire leurs données ne sont pas concordantes avec les données de consommation habituelles fournies par le ministère de l’agriculture ? La question reste pendante.
Mais parallèlement, autre question, s’ils nous vendent autant, dans les 2 mois qui viennent, comment nous pourrions arriver à vendre nous même les 4,5 millions d’œufs produits localement voire pense à doubler nous même notre production. La concurrence s’annonce difficile.
Donc, nous sommes contraints à produire de manière compétitive pour arriver non seulement à écouler les œufs produits ici, mais aussi d’augmenter notre part de marché pour réduire la dépendance. Car le consommateur lui, ne se préoccupe pas trop de l’origine des œufs, mais il veut surtout des œufs abordables par rapport à son budget. C’est le coté douloureux du libre-échange, donc quand on n’arrive pas à être compétitif, et suffisamment productif, face à des pays mieux organisés, face à des entreprises mieux capitalisées. Ce même libre-échange pourrait être très intéressant si on avait les capacités pour produire et de vendre en quantité et à un prix compétitif sur le marché régional voire international. En toute évidence, on est vraiment très loin de cette autosuffisance d’œufs et de poulets dont on parle le secrétaire d’état a la production animale. L’indépendance à ce niveau n’est pas pour demain.
CHIFFRE DU JOUR: 97%
Entre 2008 et 2012, Haïti a acheté 97% des exportations d’œufs de la République Dominicaine, donc seulement 3% des exportations d’œufs dominicaines étaient destinée à d’autres pays. Décidément, ils sont en train de produire pour nous ces gens la. Et en retour, qu’est ce qu’on produit pour eux ?
Etzer Emile, Radio Vision 2000