Les Etats fragiles face a l’Inefficacité de l’aide publique au développement
L’Organisation pour la Coopération et le Développement Economique OCDE vient de publier un rapport sur l’aide vers les Etats fragiles.
Donc avant de voir plus ou moins, en ce qui concerne ce rapport, de quoi il s’agit, voyons ce que c’est un Etat fragile. Donc, un Etat fragile est un pays à faible revenu caractérisé par une faible capacité ou légitimité de l’État. Un pays donc qui est pris dans un cercle vicieux de pauvreté et de conflit et souffre la plupart du temps de la malédiction des ressources naturelles. C’est également un pays qui généralement gère le lourd héritage de décennies de mauvaise gouvernance et qui a une capacité limitée à fournir des services de bases à sa population. Des traits et caractéristiques qui correspondent pratiquement à Haïti, qui font d’elle donc un Etat fragile.
En effet, ce rapport intitulé «Fragile States 2014: Domestic Revenue Mobilisation» a estimé que les donneurs internationaux ne font pas assez pour aider les États fragiles à accroître leurs recettes intérieures. Ce même rapport de l’OCDE constate que seule une fraction minime de l’aide au développement est affectée à des programmes destinés à améliorer le recouvrement de l’impôt.
Le rapport souligne que seulement 0.07 % de l’aide publique au développement (APD) à destination des États fragiles est allouée à la mise en place de systèmes fiscaux fiables. Les donneurs pourraient également faire plus, pour acheminer l’aide vers des programmes susceptibles de mettre à profit les envois de fonds des travailleurs émigrés qui constituent une autre source durable de financement du développement d’origine nationale.
Une utilisation plus intelligente de l’aide pour favoriser la mobilisation des recettes fiscales et des envois de fonds des travailleurs émigrés serait un moyen d’aider les pays à s’affranchir progressivement de leur dépendance vis-à-vis de l’aide. Les États fragiles – en proie à un conflit, instables ou dotés d’institutions inefficaces – y gagneraient tout particulièrement, eux qui ont bien du mal à attirer l’investissement étranger.
« Les donneurs ne respectent pas leur engagement de centrer davantage leur action sur les recettes intérieures, » a déclaré Jon Lomoy, Directeur de la Direction de la coopération pour le développement de l’OCDE.
La mise en place de systèmes fiscaux fiables est essentielle au renforcement de l’État, mais les montants d’aide qui y sont consacrés sont en quantité négligeable.
Les experts de la pauvreté sont de plus en plus préoccupés par les États fragiles, où vit une part en constante augmentation des pauvres du monde entier, mais qui voient pourtant les niveaux d’aide qui leur sont alloués s’amenuiser.
Selon OCDE ils sont 51 et sont surtout des pauvres vivant avec moins de 1 dollar 25 de revenu par habitant par jour, et le nombre de pays dans cette catégorie devrait augmenter dans les prochaines années. Encore un fait qui illustre l’inefficacité de l’aide publique au développement.
Qui sont ces 51 pays ?
La République centrafricaine, la Corée du Nord et le Soudan du Sud et notre pays Haïti, figurent notamment sur la liste des 51 états fragiles établie par l’OCDE. Parmi les pays ajoutés à la liste en 2014 se trouvent l’Égypte, la Libye, la Syrie et le Mali.
Mais, il y a t-il possibilité pour des Etats de laisser cette liste d’Etats Fragile ?
Oui bien sure, le Rwanda comptent parmi ceux qui sont sortis de cette catégorie cette année grâce aux progrès de cet Etat africain modèle en terme de gouvernance et de développement économique.
Dans le cas d’Haïti, comment sont les chiffres en termes d’aide publique au développement ?
En 2012, Les versements bruts de l’aide publique au développement (APD) à Haïti venus des Etats-Unis totalisaient 427,65 millions de dollars américains, 167,41milllions de la part du Canada, 131,3 millions des institutions de l’UE, France 74,97 millions et l’Allemagne 25,48 millions. Ce groupe constitue les 5 plus grands donateurs d’aide publique au développement, et totalisait 826,81 millions. Dieu seul sait quel pourcentage a pu réellement toucher le sol d’Haïti, et les bailleurs seuls savent quel pourcentage est retourné chez eux ? En tout état de cause, la majorité de ces ressources en fait profite aux experts du donateur concerne. Il faut dire aussi que de ces 826,81 millions, seulement 8,8% de ce montant total, soit 73,23 millions de dollars était consacré aux infrastructures économiques.
Qu’est ce qu’il faut donc retenir de ce rapport ?
Le destin de notre pays on doit le prendre avec nos propres mains, pour avoir moins d’attentes positives par rapport aux promesses ou quelconque forme d’aide public au développement vu le faible impacts des APD. D’ailleurs le lancement des Objectifs du millénaire pour le développement (OMD) après la décennie du développement des années 1990 est la preuve de l’inefficacité de l’aide.
Cependant, on ne peut sortir de ce cycle du jour au lendemain mais on doit s’efforcer d’obtenir une meilleure allocation de l’APD, qui va dans le sens de renforcement des capacités et d’augmentation des recettes internes. Sinon, les APD continueront à être des instruments de domination des pays industrialisés, maintiendront davantage les pays pauvres comme Haïti dans une relation de dépendance envers les puissances économiques, et aggraveront le niveau de pauvreté de sa population.
Chiffre pour aujourd’hui: 171
L’aide publique au développement par habitant pour Haïti est de 171 dollars américains par année, en d autres termes c’est le montant moyen reçu par chaque haïtien en termes d’ aide publique au développement par année. Données banque mondiale 2012.
Etzer Emile, Radio Vision 2000