Sérieuses inquiétudes de la Banque mondiale et du FMI pour les USA…Haïti doit se préparer au pire scenario..
Les autorités économiques et financières haïtiennes ne devraient pas ignorer ce qui se passe ces derniers temps dans l’économie mondiale, notamment aux Etats-Unis et dans les économies émergentes. Les dirigeants haïtiens devraient se préparer au pire, si l’on analyse les dernières déclarations du président de la Banque mondiale, Jim Yong Kim, et le dernier communiqué issu de la réunion des ministres des finances du G20 ce weekend dernier.
En effet, le président de la Banque mondiale a averti que les Etats-Unis abordaient une période « très dangereuse » après le nouvel échec des responsables politiques, samedi 12 octobre, pour trouver un accord concernant la crise budgétaire et le plafonnement de la dette.
Le Trésor américain a indiqué qu’il manquerait de liquidités pour faire face à toutes les échéances du pays à compter du 17 octobre, si le plafond de la dette n’était pas relevé. Les marchés financiers du monde entier seraient affectés par la crise en cas de défaut de Washington et spécialement les pays en voie de développement.
« Plus nous approchons de la date limite, plus grand sera l’impact pour le monde en voie de développement », a dit le Dr Kim. « Si la date limite est atteinte, ce serait un événement désastreux pour les pays en voie de développement et cela pourrait être aussi très préjudiciable pour les économies développées », a-t-il affirmé.
Les économies mondiales et américaine vont confronter toute une série de problèmes: la hausse des taux d’intérêt, la chute de la confiance et le ralentissement de la croissance, si le congrès américain ne parvient pas à s’entendre pour relever le plafond de la dette américaine qui est actuellement de 16 700 milliards de dollars, selon le Dr Kim, le numéro 1 de la Banque mondiale.
Il faut dire que pendant que les Etats-Unis dansent au bord de l’abîme, le monde entier se ronge les sangs. Le dernier communiqué du G20 Finances rendu public ce weekend dernier en porte témoignage, alors que la Maison blanche et les républicains n’avaient toujours pas trouvé d’issue à la crise budgétaire: « Il est urgent, a dit le communiqué, que les Etats-Unis s’attellent à la résolution de leurs problèmes budgétaires« . Selon certains analystes, ils ont fait cette déclaration probablement à la fois pour marquer leurs inquiétudes et pour donner un coup de pouce à l’administration Obama. Les ministres des Finances du G20 ont fait comprendre aux républicains américains que l’impasse budgétaire américaine, si elle se prolonge, ne manquera pas d’avoir des effets non seulement sur l’économie américaine mais aussi sur celle de l’ensemble du monde.
Lors de la séance formelle d’ouverture des assemblées générales du Fonds monétaire international (FMI) et de la Banque mondiale, la directrice générale du FMI, l’économiste Christine Lagarde, avait exhorté les Etats-Unis à faire preuve de responsabilité. Tandis que, pour sa part, le président de la Banque mondiale, Jim Yong Kim, avait rappelé combien la seule menace d’un précédent « shutdown » en 2011 avait fragilisé les économies des pays émergents. Il faut dire qu’il existe à l’heure actuelle une vive tension entre ces pays émergents et les USA.
Certains pays émergents, qui n’ont pas été les derniers à souffrir de l’annonce en mai d’un possible durcissement de la politique monétaire américaine, sont tombés à bras raccourcis sur les Etats-Unis, en faisant remarquer qu’il y avait urgence à mettre fin au « shutdown » et à trouver un accord sur le relèvement du plafond de la dette américaine avant ce 17 Octobre prochain. Il faut souligner également que les pays émergents cherchent à trouver un moyen de se protéger des turbulences liées au changement attendu de la politique monétaire américaine, à un horizon que l’on ne connaît pas. En fait, ils parlent de la mise sur pied d’une banque des « Brics », devant faire l’objet d’une décision finale en 2014 sous présidence australienne, selon les précisions du ministre russe des finances Anton Siluanov.
Ces récents développements dans l’économie mondiale notamment aux USA devraient préoccuper les autorités haïtiennes et les exhorter à se préparer à tout éventuel scénario du pire, en raison de cette grande dépendance de l’économie haïtienne des pays étrangers. Il faut dire que depuis un certain temps ce sont les transferts privés de la diaspora et les aides extérieurs qui fondent la survie de l’économie haïtienne. Si la crise du shutdown aux Etats-Unis persiste et si rien n’est fait pour réduire cette dépendance de l’économie haïtienne en augmentant la capacité productive du pays et en créant de la richesse, la situation des Haïtiens pourrait s’empirer davantage avec toutes sortes conséquences économiques et sociales. Les graves contradictions internes entre secteurs clés en Haïti ne font en tous cas rien pour arranger ce statut de pays très vulnérable.
Riphard Serent
Vision 2000