Haïti-Éducation: Les châtiments corporels à l’écoles, l’autre problème du système
En dépit de l’interdiction du ministère de l’Éducation nationale et de la Formation professionnelle, des directeurs, enseignants et censeurs d’école, continuent d’infliger des châtiments corporels aux élèves sur les cours de l’école aussi bien que dans les salles de classe. Certains parents dénoncent une telle pratique archaïque, d’autres en acquiescent paradoxalement, constate Haiti Press Network.
« Voilà tristement l’une des séquelles du système esclavagiste, que l’Haïtien hérite jusqu’à présent du colonialisme: La question du fouet ! C’est accablant de voir appliquer à l’ère actuelle des châtiments corporels aux écoliers mais aussi dans les foyers », s’indigne Mme Margarette Argant, une experte du MENFP qui était de passage dans la région du Nord à la fin du mois de mai dernier, dans le cadre d’une campagne de sensibilisation pour le développement intégral de la Petite enfance.
Cette technicienne du ministère de l’Éducation nationale, affectée au Bureau de gestion de l’éducation préscolaire (BUGEP), raisonnait ainsi après avoir entendu avec peine, les doléances de la mère d’un élève, offusquée pour des coups de fouet infligés par un professeur à sa progéniture dans son école.
L’usage du fouet fait sérieusement problème dans le milieu. Quand ce n’est pas pour rappeler à l’élève la discipline de l’école, c’est pour l’apprendre à lire ou pour des leçons non sues. La pratique de bastonnade à l’école haïtienne, qui n’est d’ailleurs pas à son premier débat, a été bel et bien interdite par le ministère de l’Éducation nationale. Mais faute de suivi, instituteurs et institutrices continuent de faire le têtu et nos enfants en paient malheureusement les conséquences.
« Il y a plein d’autres moyens classiques qu’on peut utiliser pour sanctionner un élève boute-en-train qui commet une quelconque faute à l’école ou qui ne veut pas respecter les principes disciplinaires établis. Pourquoi l’emploi d’un fouet ou d’un bout de bois qui laisse parfois des lésions graves aussi bien sur la peau que dans le psychique de l’enfant ? », s’interroge pour sa part, Mme Irlande Valéry Dorcéus, une autre spécialiste en éducation préscolaire affectée également au BUGEP.
Ce qui agace Mme Argant le plus, c’est qu’il est des parents qui approuvent sans retenu cette pratique bestiale. Sinon, affirme-t-elle, ces derniers sont susceptibles de ne pas considérer l’institution scolaire qui ne s’emballe pas dans cette logique, comme étant une école rigoureuse.
« Une fois, j’étais en visite dans une école à Ouanaminthe. J’ai été sidérée de voir le directeur d’école tenir un [rigwaz] (fouet fabriqué en Haïti avec la peau de bœuf), pour diriger les élèves. C’était une image choquante. Quand je lui ai parlé sur la portée négative de son acte, le directeur m’a fait comprendre qu’il vaut mieux faire lui-même usage du fouet pour réprimander l’élève plutôt que ses parents qui, le plus souvent ont tendance à maltraiter l’enfant pour prouver leur sévérité », raconte Mme Argant qui voulait faire comprendre la complicité des parents en ce qui concerne les châtiments corporels infligés aux enfants.
Interrogée par Haiti Press Network à cette fin, une psychologue et éducatrice de profession, Mme Géneviève Cadet, a fait comprendre que l’utilisation du fouet dans le milieu scolaire et/ou dans les salles de classe, fait psychologiquement plus de mal que de bien à l’enfant.
Selon elle, cette pratique crée plutôt une peur chez l’élève et risque même de provoquer un blocage dans son processus d’apprentissage. Dans certains cas, souligne-t-elle, des élèves ont même fini par lire la suite sur hpnhaiti.com