Venezuela – Politique: Nicolas Maduro, le chauffeur de bus devenu président

Nicolas Maduro, un ancien chauffeur d’autobus de 50 ans venu à la politique par le syndicalisme qui se présente comme le « fils » spirituel de Hugo Chavez, est devenu dimanche de justesse président du Venezuela, comme l’avait demandé aux Vénézuéliens peu avant sa mort l’ancien président malade.

Reconnaissable à sa haute stature et à son épaisse moustache brune, ce membre du premier cercle de l’ancien dirigeant décédé d’un cancer le 5 mars ne bénéficie pas du charisme et de l’éloquence de son mentor, mais l’onction d’un Hugo Chavez malade a suffi à le faire élire à la tête de ce riche pays pétrolier.

Alors qu’il espérait faire mieux que M. Chavez lors de la présidentielle d’octobre (remportée avec plus de 55% des voix), M. Maduro a récolté 50,66% des suffrages, contre 49,07% à son opposant, le gouverneur Henrique Capriles.

Dans la foulée de son élection, le nouveau président a revendiqué face à ses partisans devant le palais présidentielle une « victoire électorale juste, légale, constitutionnelle ».

« J’ai fourni un grand effort, parcourant chaque village de cette terre bolivarienne, un effort physique, émotionnel, moral, avec à l’âme la douleur de la perte de notre commandant » Chavez, a-t-il ajouté.

Le nouveau gardien de la « révolution bolivarienne » et garant de l’unité du chavisme en l’absence du « Comandante » proclame sans relâche sa fidélité à l’ancien président mais a aussi laissé entrevoir au cours de cette courte campagne électorale un style propre, teinté de mysticisme oriental, notamment quand il a assuré avoir vu Hugo Chavez réincarné dans un petit oiseau.

« C’est l’un des jeunes dirigeants ayant les meilleures capacités » pour diriger le pays, avait affirmé Hugo Chavez début décembre en le désignant comme son héritier politique.

Ministre des Affaires étrangères depuis 2006, Nicolas Maduro a été nommé vice-président par Hugo Chavez dans la foulée de sa victoire à la présidentielle du 7 octobre 2012. Il était devenu président par intérim à la disparition du titulaire.

« Regardez où va Nicolas, le chauffeur de bus Nicolas. Il était chauffeur de bus, et comme ils se sont moqué de lui! », s’était exclamé l’ancien président en le nommant vice-président.

Auparavant, cet ancien dirigeant du syndicat du métro de Caracas avait brièvement été président de l’Assemblée nationale (2005-2006). En 1998, il avait décroché son premier mandat de député, sous la bannière du Mouvement 5e République, fondé par Hugo Chavez, arrivé au pouvoir la même année.

Les destins des deux hommes s’étaient déjà croisés au sein du Mouvement révolutionnaire bolivarien 200 (MBR-200), également créé par Hugo Chavez, à la tête duquel il avait mené son coup d’Etat manqué contre le président Carlos Andres Perez en 1992.

Des analystes soulignent sa modération et sa capacité à naviguer parmi les différentes tendances du chavisme ainsi que son caractère conciliant et sa grande capacité à négocier. Mais depuis qu’il a commencé à exercer de fait le pouvoir, il a durci le ton à l’égard de l’opposition et des « ennemis de l’intérieur et de l’extérieur », reprenant à son compte la rhétorique chaviste contre les « bourgeois » et les « parasites ».

A l’instar de son prédécesseur, il a multiplié les apparitions publiques et les discours fleuve, s’imposant comme le nouveau visage de l’exécutif aux yeux des Vénézuéliens, dont certains restent toutefois dubitatifs à son égard, même dans les rangs chavistes où il est parfois jugé un peu terne.

Pour le politologue et professeur d’Université Ricardo Sucre, M. Maduro « est le choix des (dirigeants cubains Fidel et Raul) Castro », très proches de M. Chavez.

L’historienne Margarita Lopez Maya souligne pour sa part « la fidélité » du « meilleur porte-parole » international des gouvernements Chavez, dont il a parfaitement adopté le discours « anti-impérialiste » et le soutien à des régimes controversés, comme l’Iran, la Libye ou la Syrie. Elevé dans le quartier de classe moyenne de Los Chaguaramos, à Caracas, où il a milité dès le lycée, Nicolas Maduro, guitariste dans un groupe de rock dans son adolescence, a également suivi une année de sciences politiques à Cuba.

Il est marié à Cilia Flores, autre figure du chavisme et procureur général de la République. (http://fr.news.yahoo.com/venezuela)

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