Haïti-Politique: Dossier Jean Léopold Dominique : « Aristide et Préval visés »
« L’affaire de l’assassinat, il y a 13 ans, du journaliste Jean Léopold Dominique est relancée. Ce, pour persécuter politiquement les anciens présidents Jean-Bertrand Aristide et René Préval », a dénoncé le directeur exécutif du RNDDH. Pierre Espérance, qui soutient que nul n’est au-dessus de la loi, estime que la justice ne doit pas être utilisée à des fins politiques. Les langues se délient dans ce dossier.
Non. Ce dossier qui avait défrayé la chronique pendant longtemps et mis dans les tiroirs ces dernières années n’a pas été classé. L’affaire du double assassinat, le 3 avril 2000, du célèbre journaliste haïtien, Jean Léopold Dominique, et de son gardien Jean-Claude Louissaint, est d’actualité. Encore une fois, la politique se mêle de la partie. « Il existe un plan visant à orienter l’enquête sur l’assassinat de Jean Léopold Dominique et de son gardien Jean-Claude Louissaint contre Jean-Bertrand Aristide et René Préval. Parce que nous savons qu’il y a des mains politiques derrière ce dossier, nous disons que ce n’est pas un service qu’on rend à la justice ni à la société ni aux victimes… », a déclaré au Nouvelliste Pierre Espérance, directeur exécutif du Réseau national de défense des droits de l’homme (RNDDH).
Il n’est pas normal, a-t-il souligné, que les autorités utilisent la justice à des fins politiques. L’appareil de la justice est dirigé par les autorités du pays contre des personnalités jugées nuisibles, a ajouté M. Espérance. « Les dirigeants veulent détourner l’attention de la population des vrais problèmes du pays comme la corruption et l’impunité », a-t-il indiqué. Selon le défenseur des droits de l’homme, parallèlement, l’équipe au pouvoir met tout en place pour défendre ses amis impliqués dans des cas de viol, de trafic de drogue, de crime contre l’humanité, entre autres.
« Ces organisations des droits humains sont des partis politiques, a rétorqué Me Reynold Georges, avocat de l’ancien dictateur et président à vie, Jean-Claude Duvalier. Les instructions ont commencé sur la mort de Jean Dominique bien avant l’élection de Michel Martelly. Pierre Espérance veut monter les Lavalas contre le régime Martelly. La justice peut entendre n’importe qui sur un dossier. Nul n’est au-dessus de loi », a-t-il expliqué au Nouvelliste.
Sur ce dernier point, Pierre Espérance ne dit pas le contraire. « Nous croyons que personne n’est au-dessus de la loi. La justice, si elle travaille en toute indépendance et sans pression, peut questionner n’importe qui sur ce dossier. Cependant, nous constatons depuis l’arrivée au pouvoir en 2011 de cette nouvelle équipe qu’il y a une justice à double vitesse », avance-t-il. Selon lui, il est important que la lumière soit faite sur ces crimes. Il faut trouver les auteurs intellectuels et matériels de ces assassinats.
L’un des avocats de Jean-Bertrand Aristide, Me Newton Saint-Juste, a dit lui aussi détenir des informations laissant croire que son client va être persécuté à travers le dossier Jean Léopold Dominique. Selon lui, c’est Me Reynold Georges, l’avocat de la famille présidentielle, qui avait vendu la mêche.
« Oui, je l’ai dit, a reconnu Me Reynold Georges. J’ai des contacts qui me disent que l’instruction va se poursuivre. Mais, il n’est pas question de parler de persécution politique… », a-t-il ajouté.
Selon Me Newton Saint-Juste, associer Jean-Bertrand Aristide à l’assassinat de Jean Léopold Dominique n’est rien d’autre qu’une persécution politique. Cependant, insiste-t-il, son client se soumettra à la justice. « Le juge d’instruction peut auditionner n’importe qui. Nous le mettons en garde contre toute manipulation dans ce dossier », a-t-il dit.
Interrogé par le journal, Ansyto Félix, l’un des membres influents de l’organisation politique « Fanmi Lavalas », a qualifié de rumeurs les déclarations faisant croire que l’ancien président Jean-Bertrand Aristide est sur le point d’être convoqué par le juge à la cour d’appel de Port-au-Prince Yvickel D. Dabrésil dans le cadre de l’assassinat de Jean Léopold Dominique.
Selon le militant politique, Fanmi Lavalas va continuer à se renforcer dans le but de remporter les prochaines élections pour renouveler le tiers du Sénat et les collectivités territoriales. « Cependant, nous allons rester vigilants. La démocratie ne va pas de pair avec les persécutions politiques », a-t-il fait remarquer.
Pour sa part, le porte-parole de Inite, la plateforme politique de l’ex-président René Préval, n’accorde pas trop importance à ce qui se dit dans les médias sur ce dossier. « J’ai entendu la rumeur comme vous. Je présume qu’il en est de même pour l’ancien président Préval qui n’est pas disponible. Je dirais quelqu’un est en quête de notoriété ou bien il s’agit encore là d’une distraction du pouvoir en place », a déclaré Dieudonne Saincy, candidat malheureux à la députation dans la circonscription de Carrefour.
Le juge à la cour d’appel de Port-au-Prince Yvickel D. Dabrésil, chargé d’instruire le dossier Jean Léopold Dominique, a déjà invité Mirlande Libérus, ancienne sénatrice Lavalas, à se présenter à la chambre d’instruction criminelle au palais de justice le vendredi 8 février à compter de 10 heures du matin pour être entendue dans le cadre de ce dossier. Il faut rappeler aussi que l’ancien sénateur Dany Toussaint a été entendu la semaine dernière toujours dans le cadre de cette affaire.
Plusieurs juges, tant au niveau du tribunal de première instance qu’à la cour d’appel de Port-au-Prince, ont déjà travaillé sur ce dossier vieux de 13 ans. Au tribunal de première instance de Port-au-Prince, Me Bernard St-Vil est le seul juge instructeur à avoir rendu une ordonnance renvoyant six accusés devant le tribunal criminel avec assistance de jury pour être jugés.
Source: http://www.lenouvelliste.com
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