Haïti-Économie: Fin du 24ème sommet de la CARICOM en Haïti…A quoi peut-on s’attendre dans les mois à venir..?
Le 24ème sommet de la CARICOM a pris fin dans la capitale haïtienne ce mardi 19 février 2013, dans une atmosphère chaleureuse, où les représentants de tous les pays membres de cette communauté avaient fait le déplacement pour participer à ce grand événement jamais réalisé en Haïti.
Il faut dire quand même que l’organisation de ce 24ème sommet de la CARICOM en Haïti a été une grande réussite, dans la mesure où il s’est terminé sans aucun indicent dans un pays où certaines choses sont possibles à n’importe quel moment. Il faut toutefois féliciter non seulement le gouvernement haïtien pour avoir pris toutes les dispositions nécessaires pour mener à bien le déroulement du sommet et pour la sécurité de tous ces chefs d’Etats pendant deux jours, mais aussi et surtout il faut féliciter le peuple haïtien pour leur niveau d’hospitalité et de compréhension, n’ayant pas profité de gagner les rues de la capitale massivement pour exprimer leur misère devant ces Chefs d’Etat dans ce pays qui ‘’compte le plus d’affamé dans la région latino-américaine et caribéenne’’ selon le quotidien Americaeconomia.
Le sommet a pris fin, et comme la presse haïtienne l’a rapporté, les premières retombées concrètent concernent l’adoption de la langue française comme langue officielle au niveau de la CARICOM, une adoption qui ne facilitera pas grand-chose dans les interactions entre Haïti et les autres pays membres de la CARICOM. En effet, la majorité de ces pays ne parle pas le français et que le problème fondamental qui empêche à Haïti de profiter pleinement de son adhésion à la CARICOM n’est pas un problème de langue. Il existe plutôt des obstacles internes qui constituent des handicaps majeurs à Haïti l’empêchant de jouir des avantages de certaines organisations régionales dont elle est membre.
Parmi ces obstacles, on peut parler de la non existence de certaines lois commerciales, la faiblesse d’Haïti en matière de négociation commerciale, la qualité de la gouvernance dans le pays et la capacité productive du pays qui n’est pas encore au rendez-vous par rapport à nos potentialités. Certains analystes et observateurs ont aussi souligné le fait que les élites haïtiennes, depuis la période duvaliériste, sont toujours subtilement et ouvertement réticents à s’adapter aux exigences de la régionalisation et de la mondialisation économique. Nous fonctionnons le plus souvent comme si nous n’avions pas de voisins et partenaires.
Il n’est pas sans savoir que le gouvernement envisage aujourd’hui d’exporter des produits agro-alimentaires et artisanaux vers le marché pays de la CARICOM estimé à plus de 16 millions de consommateurs, mais il y a beaucoup de travail à faire pour y parvenir, en commençant d’abord par changer le style politique dans ce pays et rétablir la confiance véritable des partenaires bilatéraux et multilatéraux.
Le Président Martelly a annoncé des dispositions pour qu’Haïti puisse jouer pleinement son rôle dans la CARICOM et a promis d’harmoniser les lois haïtiennes aux normes communautaires.
Dans les mois à venir, le gouvernement soumettra au Parlement la loi sur l’importation et l’exportation de biens d’origine communautaire, en exemption de tous droits et restrictions quantitatives et celle sur le tarif national basé sur le tarif extérieur commun et le système harmonisé 2007.
Beaucoup de secteurs qui participaient à ce 24ème sommet espèrent que cet événement aboutira à des projets plus concrets, tandis que d’autres se montrent très pessimistes quant à des résultats concrets pour Haïti par rapport à ce qui va marquer les ondes médiatiques haïtiennes dans les jours à venir avec cette question d’élection.
Certains exposants qui participaient à la foire au jardin de Karibe ont profité pour exprimer leur frustration, car jusqu’à présent ils ne peuvent pas exporter pas leurs produits d’art ou artisanaux dans aucun pays de la CARICOM. La visite prochaine d’une délégation de Sénateurs américains en Haïti, à partir de ce jeudi, ne manquera pas, en tous cas graduellement, de montrer comment les problèmes de fonctionnement de ce pays sont urgents à résoudre et que l’improvisation, le laisser-aller, le show off incessant ne sont plus les comportements à adopter dans un tel contexte.
Riphard Serent
Vision 2000