Présentation de la nouvelle base des comptes nationaux par l’IHSI, des implications pour la politique économique

L’Institut Haïtien de Statistique et d’Informatique (IHSI) a présenté le week-end dernier, en visioconférence, les résultats des travaux de changement de base des comptes nationaux d’Haïti. Cette présentation en ligne a eu lieu devant un large public de près d’une cinquantaine de participants composés d’économistes, d’autorités monétaires et économiques, des membres du secteur public et du secteur privé et quelques acteurs représentants d’institutions régionales et internationales, comme la CEPAL et l’Union européenne.

Un travail très louable de l’IHSI qui mérite d’être félicité et l’équipe de la section économique de Radio Vision 2000 avait répondu à cette invitation, ce qui nous a permis de voir que pendant plusieurs années le PIB d’Haïti était sous-évalué. Ensuite, il y a un ensemble d’indicateurs qui était sous-estimé, comme la pression fiscale en Haïti, et de plus, on a pu voir à quel point le secteur informel représente un poids important dans l’économie du pays et toutes les implications d’un tel travail de l’IHSI dans la conduite de la politique économique, notamment la politique monétaire.

En fait, pour être plus clair, il faut dire qu’avant l’ISHI utilisait la base de 1986-1987 pour calculer le PIB du pays. Maintenant, plus de 30 ans après, l’IHSI a finalement décidé de changer de base en adoptant la base de 2012, comme elle avait changé de base pour calculer l’inflation. A mentionner que ceci est fait dans tous les pays du monde et certains pays n’attendent même pas 10 ans pour changer de base.

 

Les autorités de l’IHSI ont présenté des facteurs qui sont à l’origine de la réévaluation du PIB du pays, on peut citer entre autres :

  • Le vieillissement de la base 1986-1987
  • L’amélioration de la couverture de l’activité économique
  • La prise en compte du secteur informel de manière explicite
  • Et la prise en compte de manière explicite des activités des ONGs

Selon les résultats de l’IHSI, le PIB de l’année fiscale 2012 qui se chiffrait à 327.9 milliards de gourdes courantes dans l’ancienne base 1986-1987 a été réévalué à 570 milliards de gourdes dans la nouvelle base 2011-2012, soit une forte réévaluation de 73.8% du PIB du pays.

Cette réévaluation du PIB du pays par l’IHSI va avoir évidemment des conséquences sur un ensemble d’indicateur ou ratio qui est calculé avec le PIB, notamment le déficit public en pourcentage du PIB, le ratio dette publique sur PIB, les transferts de la diaspora en pourcentage du PIB, le PIB per capita et la pression fiscale du pays qui est le ratio recettes de l’Etat sur PIB.

En parlant de pression fiscale, il faut que cette dernière est passée de 12.9% dans l’ancienne base à 7.4% dans la nouvelle base 2012, et la nouvelle qui doit retenir l’attention, c’est que le secteur informel dans le pays représente 35.1% du PIB, alors que le poids du secteur formel est de 64.9%.

Une économie haïtienne dominée donc de plus en plus par le secteur informel, ce qui constitue un vrai manque à gagner pour l’Etat en termes de perception de recettes fiscales.

 

 

Riphard Serent, MPA

Economiste

 

 

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