Haïti/Économie : Déficit de la Balance Commerciale d’Haïti…la dépendance de l’économie persiste…
L’économie haïtienne continue d’accuser un déficit considérable au niveau des échanges commerciaux avec l’extérieur, d’après les dernières révélations de la première journée du séminaire sur « les Préférences Commerciales et Zones Franches en Haïti », organisé par plusieurs institutions publiques et privées avec l’appui de l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC). En effet, pour l’exercice 2011-2012, Haïti a importé pour près de 172 milliards de gourdes, soit environ 4 milliards de dollars américains. Tandis que les exportations ont accusé seulement 33 milliards de gourdes, soit environ 785 millions de dollars. Ce qui accouche un déficit commercial d’environ 140 milliards de gourdes dans l’économie haïtienne, soit environ 3.33 milliards de dollars américains.
Il faut dire que ce séminaire sur « les Préférences Commerciales et Zones Franches en Haïti », qui se déroule depuis le début de la semaine dans les locaux de l’Université d’État d’Haïti (UEH) et qui prendra fin le 7 décembre 2012 prochain, a réuni des spécialistes du commerce extérieur et des régimes commerciaux spéciaux en provenance de l’Université, du secteur public, du secteur des affaires et de services commerciaux de missions diplomatiques accréditées en Haïti.
Certains intervenants ont souligné, que si les zones franches constituent bien un pôle de développement, elles ne sauraient être vues comme le principal levier de décollage du pays.
Selon l’Ambassadeur d’Haïti désigné à l’OMC, M. Pierre André Dunbar, le commerce peut servir de levier de développement. Toutefois, il croit que le processus accéléré de la libéralisation de l’économie, entamé depuis 1987, sous la pression de la communauté internationale a eu de graves conséquences pour Haïti.
Il y a vraiment beaucoup de travail à faire pour réduire ce déficit commercial, de plus de 3 milliards de dollars américains, qui montre vraiment encore le niveau de dépendance d’Haïti sur la scène économique mondiale. Les produits alimentaires continuent de dominer nos importations pour plus de 70%, car nous avons de plus en plus de bouches à nourrir. Tandis que les produits textiles représentent la majeure partie de nos exportations, à hauteur d’au moins 80%, puisqu’au niveau des secteurs porteurs comme l’agriculture ou l’agro-industrie nous ne sommes pas encore au rendez-vous.
Parallèlement, des efforts sont en train d’être consentis par le Ministère de l’Agriculture des ressources naturelles et du développement rural (MARNDR) et d’autres organismes dont l’Institut interaméricain de coopération pour l’agriculture (IICA), pour apporter un soutien favorable à la filière mangue en Haïti, à travers un projet d’appui au renforcement de la production de la mangue francisque dans le département du Centre.
Il faut dire que le pays exporte maintenant environ 2 à 2,5 millions de caisses de mangues francisque chaque année, des exportations qui nous rapportent environ 20 millions de dollars américains, soit une diminution d’environ 33% par rapport au revenu que nous rapportait cette filière avant que les problèmes phytosanitaires aient été révélés par les autorités américaine.
Le représentant de l’IICA en Haïti, M. Alfredo J. Mena Pantaleón, croit pour sa part qu’il est important d’appuyer la filière mangue dans l’économie haïtienne, notamment la mangue francisque qui est l’un des principaux produits d’exportation du pays. Il faut souligner que ce projet pour le renforcement de la production de la mangue francisque dans les 12 communes du département du Centre est financé par l’Union européenne à hauteur de 1.52 millions d’euros, soit près de 2 millions de dollars américains.
En tout état de cause, il faut plus que des efforts isolés pour réduire ce déficit commercial non seulement du point de vue quantitatif mais aussi qualitatif: Il faut beaucoup moins d’importation de consommation par exemple de voitures luxueuses dans ce pays et de plus en plus d’importations utiles pour l’appareil productif.
Riphard Serent
Vision 2000