La production agricole dans l’Artibonite, rudement affectée par les actes de terreur et de criminalité des gangs
La situation de terreur et de criminalité, entretenue en toute impunité par les gangs armés, entraîne des conséquences négatives sur la production agricole (Ndlr : pas seulement le riz, mais aussi les produits maraîchers, comme l’aubergine, le mirliton, les épinards, le lalo, les haricots, le poireau, le persil, l’oignon, les tubercules, la patate, la tomate, les choux, les fruits à teneur en vitamine C, etc.) dans la Vallée de l’Artibonite, déplore l’ingénieur-agronome Jean André Victor, ancien directeur général de l’Organisme de développement de la Vallée de l’Artibonite (Odva), dans une interview accordée à la plateforme AlterPresse/AlterRadio.
Depuis plusieurs semaines, les canaux d’irrigation des terres dans la Vallée de l’Artibonite sont dépourvus d’eau.
L’insécurité nuit à l’ordre public et rend instable les activités administratives et sociales des organismes et institutions. Elle aggrave la situation de sécheresse qui prévaut au niveau de la Vallée de l’Artibonite, insiste Jean André Victor, également coordonnateur général du parti politique Mouvement patriotique populaire dessalinien (Mopod).
Petite Rivière de l’Artibonite, Verrettes, Liancourt, La Chapelle… figurent parmi les communes, sous contrôle de gangs armés, qui tuent et kidnappent.
Beaucoup de citoyennes et citoyens sont contraints de laisser leurs demeures respectives, pour se mettre à l’abri des actes de banditisme dans le département de l’Artibonite.
« L’alimentation en eau du barrage de Péligre, pour l’électrification et pour les canaux d’irrigation dans la Vallée de l’Artibonite, pose problème. Car, l’Électricité d’Haïti (Ed’h) a besoin d’une grande alimentation en eau pour son fonctionnement, tandis que l’Organisme de développement de la Vallée de l’Artibonite (Odva) a besoin d’une alimentation continue dans les canaux, pour les plantations de riz », explique l’ingénieur-agronome Jean André Victor.
Lorsqu’on arrive maintenant dans les périodes de sécheresse, l’Odva et l’Ed’h ont l’obligation de bien gérer ensemble la quantité d’eau disponible, pour permettre une alimentation équitable dans les canaux d’irrigation dans la Vallée de l’Artibonite, ajoute-t-il.
Au cours du mois de février 2023, l’actuel directeur général de l’Odva, Frantz Jean Marie, a alerté sur la non alimentation en eau des canaux d’irrigation dans la Vallée de l’Artibonite.
« Dans le département de l’Artibonite, il y a deux types de systèmes d’irrigation : le grand système, dépendant du barrage de Péligre, et les petits systèmes, qui sont au nombre d’une dizaine, répartis dans plusieurs zones, comme Verrettes, Rivière Bois…,sont probablement dysfonctionnels. Car, ces zones sont contrôlées par des bandits », regrette Jean André Victor.
Cette situation pourrait également engendrer des conséquences sur la saison actuelle ainsi que les autres à venir, met-il en garde.
L’absence d’alimentation en eau du barrage de Canneau, situé entre Verrettes et Petite rivière de l’Artibonite, zones contrôlées par des gangs armés, peut causer des dommages irréversibles, si on ne prend aucune mesure à ce niveau, prévient l’ingénieur-agronome.
L’ancien directeur de l’Odva dit craindre une aggravation de cette crise humanitaire, vu que la production de riz alimente, non seulement le département de l’Artibonite, mais aussi tous les autres marchés de la république d’Haïti.
D’ici quelques mois, Haïti risque d’être confrontée à une famine généralisée, avertit l’ingénieur-agronome Jean André Victor.
Le problème, auquel fait face le département de l’Artibonite, n’est pas inédit. De nombreuse fois, l’insécurité a empêché la bonne marche les activités économiques et sociales, rappelle-t-il.
L’ingénieur-agronome Jean André Victor souligne combien les troubles à l’ordre public ont eu de graves conséquences sur les activités des rizicultrices et riziculteurs, qui ont consenti d’énormes sacrifices pour l’achat des semences et fertilisants pour les plantations de riz.