Crise : Nécessité d’une aide d’urgence à 4,9 millions de personnes en situation d’insécurité alimentaire en Haïti, alerte la Cnsa

– 4 millions 900 mille Haïtiennes et Haïtiens en situation d’insécurité alimentaire nécessitent urgemment une assistance humanitaire pour la période de mars à juin 2023, alerte la Coordination nationale de la sécurité alimentaire (Cnsa), dans un document publié sur son site et consulté par l’agence en ligne AlterPresse.

Cette aggravation du niveau d’insécurité alimentaire en Haïti résulterait de la flambée des prix, liée à la forte volatilité de la gourde par rapport au dollar américain (Ndlr : US $ 1.00 = + 160.00 gourdes ; 1 peso dominicain = 2.90 gourdes aujourd’hui), l’expansion de la violence des gangs armés, qui paralyse de plus en plus les activités économiques dans la zone métropolitaine de Port-au-Prince, dans la péninsule Sud et dans une bonne partie du grand Nord, explique la Cnsa.

La Coordination nationale de la sécurité alimentaire mentionne aussi, à la base de cette situation inquiétante, les faibles performances des campagnes agricoles d’automne (septembre- décembre 2022) et d’hiver (décembre 2022 – mars 2023), la résurgence de l’épidémie du choléra et la baisse de l’aide humanitaire.

Le niveau d’insécurité alimentaire, qui était passé de 44% à 48% en octobre 2022, s’élève à 49% actuellement, en mars 2023.

4,7 millions de personnes étaient confrontées à une faim aiguë (IPC 3 et plus), dont 1,8 million de personnes en phase d’urgence (IPC 4), avaient signalé, en octobre 2022, dans un communiqué, l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (Fao) et le Programme alimentaire mondial (Pam).

19 mille personnes sont en situation de catastrophe (IPC 5), pour la première fois en Haïti, avaient-ils précisé.

A l’époque, la Cnsa avait recommandé une assistance alimentaire d’urgence en faveur de ces personnes, qui devait s’étendre sur la période allant d’octobre 2022 à février 2023.

Or, rien n’a été fait, au niveau institutionnel, par le gouvernement de facto, qui observe, sans adopter aucune disposition, la détérioration accélérée, en Haïti, des conditions d’existence de la population, contrainte aux violences et extorsions, en toute impunité, des gangs de plus en plus menaçants sur le territoire national.

Il en résulte, au quotidien, une hausse effrénée de l’ensemble des prix des biens essentiels à la consommation, en particulier les prix des produits alimentaires, sur l’ensemble des marchés.

Les ménages sont en proie à des déficits alimentaires extrêmes dans quinze (15) zones sur trente-deux (32) analysées, se retrouvant dans une situation critique (phase 4 de l’IPC ou phase d’urgence), malgré le recours à des stratégies de survie irréversibles, relève la Cnsa, dans sa nouvelle analyse.

Les principales zones concernées sont le grand Sud (départements du Sud, de la Grande Anse et des Nippes / Sud-Ouest d’Haïti), terriblement affecté par le tremblement de terre du samedi 14 août 2021, le Haut Plateau central et ses prolongements dans le Nord et l’Artibonite, le Nord-Est, le Nord-Ouest, l’Île de la Gonâve et 3 communes dans la zone métropolitaine de la capitale, Port-au-Prince, les plus meurtries par les activités de gangs armés (Cité Soleil, la commune de Port-au-Prince, plus précisément les quartiers les plus précaires et la commune de Croix-des-Bouquets), ajoute-t-elle.

Grâce à une assistance alimentaire d’urgence exceptionnelle, a été observée une amélioration dans la situation extrême, qu’a connue, pour la première fois en Haïti, la commune de Cité Soleil (nord de la capitale, Port-au-Prince), avec une proportion de ménages en situation de catastrophe (IPC phase 5).

Toutefois, la Cnsa estime nécessaires des efforts humanitaires, pour prévenir une détérioration de la situation de ces ménages, dont la proportion dans cette commune de Cité Soleil est passée de 5% à 0%.

« Les zones Artibonite HT03 et HT04, classées en IPC 3 et plus, faiblement assistées et caractérisées par un taux élevé d’insécurité alimentaire d’environ 50%, en raison de la violence des gangs, qui réduit considérablement l’accès de la population aux services de base et aux opportunités de revenus, nécessitent une attention particulière »

Face à l’aggravation de la situation, la Coordination nationale de la sécurité alimentaire préconise des actions urgentes, afin d’apporter un soutien à près de 50 % de la population nationale.

Elle insiste sur un appui immédiat en faveur des ménages agricoles décapitalisés, en raison des chocs économiques, climatiques et des contreperformances des campagnes agricoles antérieures, en vue de la mise en place de la campagne de printemps (mars-juin) 2023.

 

 

 

Source: APR

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