Le Haut Conseil de la transition est en place
Des ambassadeurs, des hommes d’affaires, des hommes politiques, des grands commis de l’État, l’ancien président provisoire Jocelerme Privert défilent dans cette grande salle du MCI où toutes les dispositions ont été prises pour procéder à l’installation des membres du Haut Conseil de la transition. Officialisé le 18 janvier par arrêté, le HCT est désormais opérationnel après l’ installation de ses membres 19 jours plus tard. Le Premier ministre Ariel Henry a remis les ampliations de l’arrêté à Laurent Saint-Cyr, Calixte Fleuridor et Mirlande Manigat, les trois membres dudit conseil.
« Aujourd’hui c’est un jour où une lueur d’espoir, une espérance apparaît», a, d’entrée de jeu lâché le Premier ministre Ariel Henry, qui dit voir, dans l’installation officielle des membres du Haut Conseil de la transition, la fin des dysfonctionnements de nos institutions démocratiques.
La salle bondée s’était accrochée au discours de Mirlande Hyppolite Manigat, qui se passe de présentation.
Prenant la parole au nom du HCT, Mme Manigat dit entendre les cris de la population qui résonnent très fort dans son esprit. « Nous vivons au quotidien vos angoisses et vos soucis. Vous dire qu’en claquant les droits tout deviendra beau serait vous leurrer d’illusions. Il n’existe pas de recette miracle à ce que nous vivons », a prévenu la femme politique, appelant au front commun pour remporter la victoire. L’ex-épouse du feu président Leslie François Manigat dit n’avoir pas l’intention de sauver le pays comme l’empereur Dessalines à eu à dire mais elle entend commencer le traitement des maux qui rongent ce pays.
« Le pays s’engouffre de plus en plus dans une crise politique affectant tous les secteurs de la vie nationale. Face à la complexité et la volatilité de la situation, il est impérieux que chaque citoyen conséquent dans sa sphère d’activité de répondre à l’appel du devoir. Ce n’est pas dans cette circonstance que nous avions voulu occuper une si haute fonction. La décision a été difficile », a tenu à rappeler Mme Manigat.
« Nous avons fait le choix de servir. Ce moment de grandes préoccupations qui hantent la vie de chacun de nous est une source de désespoir pour les familles, les jeunes, les investisseurs, les professionnels, les cultivateurs. Il s’agit donc de l’Haïti où des gens se battent quotidiennement pour un bout de pain. Cette Haïti nous attend au tournant. Nous devons donc dans un esprit de sérieux avec le sens de l’abnégation répondre à cette attente par le rétablissement de l’ordre public en instaurant la libre circulation des gens et des biens», s’est engagée celle qui a perdu l’élection présidentielle au profit de Michel Joseph Martelly.
D’après Mme Manigat, c’est désormais l’unique opportunité de mettre de côté ce qui nous divise et de prioriser la réussite de notre mission. « Les prescriptions de nos missions sont définies. Tout converge vers un seul objectif : la création d’un climat favorable à l’organisation de nouvelles élections dans le dessein de reconstituer les institutions démocratiques », a-t-elle fait savoir.
À entendre Mme Manigat, il ne pourra pas avoir d’élections si la sécurité n’est pas rétablie. « Les forces nationales et internationales sont tenues de s’accorder pour assurer la paix des rues, a appelé Mirlande H. Manigat, avant de souligner que l’organisation d’élections est conditionnée par différents facteurs, dont l’apaisement social et la sécurité assurée sur tout le territoire. Elle exhorte par ailleurs les forces de l’ordre à resserrer les rangs en s’impliquant encore plus dans la lutte contre le banditisme visant à la déstabilisation permanente de la société et l’anéantissement des acquis démocratiques.
« J’invite les amis de la communauté internationale à tenir les engagements qu’ils ont pris d’assister les organes de maintien de l’ordre dans la lutte contre la malveillance sociale», a indiqué la représentante du secteur politique au sein du HCT.
Les chantiers du HCT
Trois grands chantiers attendent le Haut conseil de la Transition née d’un accord appelé Consensus du 21 décembre. La révision de la Constitution, le renforcement du système judiciaire et la formation du Conseil électoral provisoire sont entre autres missions du HCT.
Mirlande Hyppolite Manigat a insisté sur le volet apaisement social en faveur des plus vulnérables pour répondre, dit-elle, aux attentes de la population. En ce sens, elle fait appel au Premier ministre Ariel Henry et son gouvernement de s’impliquer dans une démarche en vue de la mise sur pied de programmes d’apaisement social aux bénéfices de la population.
S’adressant aux non-signataires du Consensus du 21 décembre, la patronne du RDNP, les invite à se joindre à eux pour que leurs propositions trouvent au sein de ce conseil l’espace qu’ils souhaitent trouver.
Le Premier ministre Ariel Henry dit reconnaître que la tâche qui attend le HCT ne sera pas facile. Il a promis de mettre les moyens nécessaires et de rester soudé à eux pour faire face aux difficultés et pour surmonter les obstacles la main dans la main.
Le chef du gouvernement en profite pour remercier Mme Mirlande Manigat, M. Laurent Saint-Cyr et le révérend Calixte Fleuridor. Merci d’avoir accepté de vous engager aux côtés de ce gouvernement dans la noble et ingrate tâche de servir notre pays en ces temps difficiles », a salué le Dr Henry.
Le Premier ministre dit miser sur le travail de rassemblement jusqu’à la dernière heure. « Certes nous n’obtiendrons peut-être pas l’unanimité, mais nous espérons que toutes les femmes et tous les hommes de bonne volonté nous retrouveront en chemin », a espéré le Premier ministre Henry pour qui cinq grands chantiers sont à matérialiser. « Le rétablissement de la sécurité, la poursuite des réformes économiques, la lutte contre les contrebandiers, les voleurs et les corrupteurs, la gestion des ressources de l’État, la révision de la Constitution, l’organisation d’élections et la remise du pouvoir aux élus », a révélé le PM Henry.
Selon le chef du gouvernement, tout ceci ne pourra aboutir que si un environnement sécuritaire est rétabli, pour permettre une reprise normale des activités sur toute l’étendue du territoire et la libre circulation des personnes et des biens.
« Il n’est pas concevable de demander à des partis politiques et à leurs candidats d’aller faire campagne si l’Etat ne peut pas leur garantir qu’ils n’ont pas à craindre pour leur vie et celles de leurs militants et sympathisants », a avancé Ariel Heny.
Invitant ceux qui sont réticents à se joindre à eux, le Premier ministre Ariel Henry leur rappelle que personne, aucun secteur, qu’aucun groupe ne peut prétendre apporter seul une solution durable aux problèmes du pays.