Les médecins appelés à observer trois jours de grève pour protester contre l’insécurité

L’Association médicale haïtienne (AMH) se manifeste à la suite de l’enlèvement des médecins Pierre Boncy, urologue, et de Michel D’Alexis, gynécologue, qui ont été enlevés dans l’enceinte de leur cabinet médical le mercredi 2 mars à la ruelle Berne. Le Dr Osni Eugène, vice-président de l’AMH, a demandé aux médecins des dix départements géographiques d’Haïti de cesser de travailler les lundi 14, mardi 15 et mercredi 16 mars afin de contraindre les autorités étatiques à prendre les mesures nécessaires pour ramener la paix dans le pays. « Le secteur médical encaisse des coups ces temps-ci. Si nous ne faisons pas entendre nos voix, j’ai l’impression que la situation du pays va empirer parce que nous vivons dans un pays où de nombreuses personnes périssent à cause du stress, de l’insécurité alimentaire… Nous demandons à nos confrères qui travaillent dans les cliniques privées de se serrer les coudes pour éviter que ce qui est arrivé à nos confrères ne se reproduise dans le pays. Nous ne pouvons pas nous amuser à nous accommoder de quelque chose qui nous fait du mal », a indiqué le Dr Osni Eugène.

Le Dr Eugène annonce que l’AMH va décréter une série d’activités afin de poursuivre ce même objectif. Dans tous les cas, il a souligné que les services d’urgence devaient continuer à fonctionner. « Nous demandons que les portes des cliniques restent fermées autant que possible durant les trois journées de grève. Les médecins doivent, de leur côté, rester disponibles pour secourir les malades en cas de besoin. Les services d’urgence devront continuer à travailler », a-t-il annoncé.

Le directeur exécutif de l’AMH, Dr Claude Suréna, demande à la population d’accompagner le corps médical tout en lui demandant d’entreprendre des activités afin d’attirer l’attention des personnes concernées sur les conséquences du phénomène de l’insécurité. « Les autres secteurs doivent se manifester pour conscientiser les uns et les autres afin d’avoir une réponse à ce phénomène insupportable », a-t-il ajouté.

 Insécurité : les médecins sont désarmés

Carole Cadet, présidente de l’AMH, a lancé un appel au rétablissement de la sécurité. « Il est impensable qu’un médecin puisse entrer dans sa clinique pour recevoir ou soigner un malade en paix. Un hôpital est un lieu public mais nous ne pouvons pas soigner les malades au vu et au su de tous. Nous devons entrer dans nos boxes de travail pour consulter les malades (enfants, jeunes, femmes enceintes). Lorsque nous nous enfermons dans les boxes avec les patients et qu’une personne surgit, nous sommes désarmés parce qu’un médecin n’utilise pas d’arme pour se défendre. Il offre ses services en fonction de ses connaissances. Nous nous trouvons en difficulté pour vivre de notre profession, comme parent ou simple citoyen », a-t-elle tempêté, rappelant que le phénomène d’insécurité touche toutes les catégories sociales.

En Haïti, les gestes quotidiens sont devenus des actes de bravoure

« Aller au travail est devenu un acte de bravoure, emmener un enfant à l’école est devenu un acte de bravoure, aller au marché ou encore prendre un bus pour se rendre dans le Sud du pays. Les Haïtiens ne sont pas en sécurité même à l’intérieur de leurs maisons », illustre Carole Cadet, présidente de l’AMH.

 

 

 

 

Source: Le Nouveliste

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