La Police, l’Armée et des bénévoles pour combattre le banditisme, la mauvaise sauce du gouvernement

Il est maintenant un secret pour personne qu’aujourd’hui  des bénévoles interviennent conjointement avec des forces légalement constituées pour sécuriser les citoyens. Le gouvernement les appelle des « bénévoles » mais la population ne connait pas leur identité ni pourquoi ils sont ainsi appelés alors que le budget de la République prévoit l’augmentation graduelle du nombre des policiers et même constituer des unités spéciales au besoin. Pourquoi cette sauce exceptionnelle entre ceux qui détiennent le monopole légale de la violence et des inconnus qui ne viennent de nulle part ? Quels sont les risques d’une telle entente ? 

 

En effet, après le fiasco de la PNH au Village de Dieu le Vendredi 12 mars dernier ayant coûté la vie à cinq(5) policiers, le rideau semble être tombé et c’est l’inspecteur Carl Henry Boucher qui a dévoilé lors d’une entrevue accordée à une station de la Capitale que des hommes en noir appelés « All Black » étaient remarqués sur le terrain des opérations avec des policiers au Village de Dieu. C’est une révélation fracassante de l’Inspecteur en isolement. Des membres du Syndicat de la PNH révélera plus tard que ces hommes appelés « All black » sont dirigés par l’ancien policier Jimmy Chérisier devenu chef de gang et mieux connu sous le sobriquet de « Barbecue » un homme identifié comme un allié fort du pouvoir de Jovenel Moïse.

 

Des révélations qui seront confirmées à travers le décret du 15 mars relatif au déploiement concerté de l’armée et de la Police dans certaines zones déclarées en état d’urgence dans la région métropolitaine et dans le département de l’Artibonite. Les articles 14 et 15 de ce décret soulignent que toute personne peut venir en appui aux effectifs déployés sur le terrain si les agents publics ne suffisent pas, et plus loin l’article 15 les appellera des bénévoles. Haïti est aujourd’hui un pays en guerre et le gouvernement offre une sauce sécuritaire douteuse aux citoyens qui demandent d’être sécurisés. Ce mariage entre l’Armée, la Police et des bénévoles soulève de nombreuses interrogations sur le sérieux et l’honnêteté de nos dirigeants. Ces décisions transpirent de la délinquance d’Etat qui ne mesurent aucunement leur portée sur la vie des gens.

 

Intégrer un fugitif au sein de l’effectif de la PNH sans informer les agents eux-mêmes est un crime. Jimmy Chérisier est cité dans de nombreux crimes notamment de la Saline. Son arrestation est demandée par toutes les institutions de droits humains, cependant, il parcourt tranquillement les rues souvent en compagnie d’autres policiers en exercice. Par quelle magie donc, des ministres, des secrétaires d’Etat et des généraux de l’Armée ont-ils accepté cette mauvaise sauce qui rassemble autant ingrédients mortels et dangereux pour la population ? Une telle mesure donne du champ libre à d’éventuels criminels d’effectuer leurs forfaits en toute impunité.

 

Haïti est devenu un Etat spécial  alors que l’année est déclarée « Année électorale » par le Président de la République. Le pays est au bord d’une guerre civile. Des milliers d’armes à feu circulent dans la Capitale et la sécurité des citoyens est de plus en plus fragilisée. La Commission de désarmement n’a pas donné les résultats attendus.  Certainement, le gouvernement crée les moyens, mêmes les plus inédits, pour trouver une solution aux problèmes de la sécurité publique posés par les gangs dans le pays. Les grandes interrogations restent à savoir qui fournira des armes à ces bénévoles ? Sous quel commandement vont-ils se placer ? Saura t-on leur identité ?  Peut-on recevoir des bénévoles et les envoyer sur le terrain sans entrainement ?

 

Les institutions du pays sont fragilisées et les décisions le sont encore plus. Cette approche de la sécurité publique du gouvernement rend perplexes les citoyens qui cherchent à comprendre le bien-fondé de telles décisions qui semblent indiquer qu’aujourd’hui le gouvernement marche vers la légalisation de certaines bandes armées dans le pays. Ce choix stratégique peut apporter des solutions sur le court terme mais  auront des conséquences de longues durées sur la République. Ces bénévoles pour se couvrir et échapper à la justice imposent leurs lois aux décideurs, car certains connaissent déjà leur sort et veulent prolonger l’échéance.

 

Ce jeu finira par faire des victimes tôt ou tard et quelqu’un devra payer, car il sera difficile à la justice de fixer la responsabilité des dégâts uniquement sur les hommes de main. Les auteurs intellectuels sont également attendus au bout du tunnel. Pour combien de temps ? Personne ne sait.

 

 

 

 

Source:HPN   

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