Des économistes et syndicalistes désapprouvent une éventuelle augmentation des prix du carburant en Haïti

Des économistes ainsi que des syndicats de chauffeurs de transports publics, y compris de taxis-motos, rejettent toute éventuelle montée des prix des produits pétroliers en Haïti, dans des déclarations à l’agence en ligne AlterPresse.

Une augmentation des prix du carburant sur le marché local, dans le contexte actuel, pourrait entraîner de graves conséquences sur la population, dont la majorité vit dans la pauvreté, prévient l’économiste Eddy Labossière, interrogé par AlterPresse.

Considerant combien cette augmentation provoquera une hausse des prix de tous les produits, l’économiste Labossière invite les autorités à prendre, de préférence, des dispositions pour réduire les dépenses de l’État, diminuer la corruption et la contrebande, dans l’objectif de permettre à l’État de trouver des moyens financiers pour fonctionner, sans être obligé d’augmenter les prix du carburant.

Une rareté du carburant, pendant plusieurs semaines, a paralysé les activités globales dans le pays, au cours du mois de novembre 2021.

Le gouvernement de facto devrait entreprendre des actions pertinentes, avant d’envisager l’augmentation des prix des produits pétroliers, selon l’économiste Eddy Labossière.

Au moins quatre conditions devraient être remplies avant que l’État haïtien puisse
éliminer la subvention des produits pétroliers, recommande le professeur Eddy Labossière.

Il faudrait, d’abord, rationaliser les choix budgétaires, en éliminant les mauvaises dépenses, comme les secondes résidences et les voitures de luxe des fonctionnaires de l’État.

La deuxième étape serait de relancer la réforme fiscale, qui permettrait d’éliminer les évasions fiscales, la contrebande dans la zone frontalière et dans les douanes.

La troisième étape renvoie à la mise en place d’un filon de protection sociale, pour les personnes défavorisées dans le pays.

Après avoir posé ces trois actions, c’est à ce moment que l’État pourrait commencer à introduire, progressivement, l’élimination de la subvention, précise l’économiste Eddy Labossière.

Le secteur privé arnaque l’État en Haïti, en soutirant beaucoup d’argent lors de l’achat des produits pétroliers à l’étranger, fustige l’economiste, déplorant l’absence de systèmes d’information pour les commandes de carburant de l’État auprès du secteur privé.

Labossière exhorte l’État haïtien à mettre en place un système pertinent d’informations, relatives à l’économie internationale, avec un personnel compétent, pour mieux gérer l’importation des produits pétroliers.

« Quand ils achètent un gallon de diesel à 169.00 gourdes (Ndlr : US $ 1.00 = 101.00 gourdes ; 1 euro = 114.00 gourdes ; 1 peso dominicain = 1.80 gourde aujourd’hui), l’État leur donne 210.00 gourdes. Pour permettre à une citoyenne/ un citoyen d’acheter un gallon de kérosène à 163.00 gourdes, l’État donne 195.00 gourdes en sa faveur. Cela ne peut continuer comme ça. Sinon, plus loin, on n’arriverait même pas à passer des commandes pour le carburant », a écrit, le 24 novembre 2021, le premier ministre de facto, Ariel Henry, sur son compte Twitter.

Avec les 30 milliards de gourdes de subvention du carburant pour une partie de la population, nous pourrons offrir plus de services, déployer plus de policiers nationaux dans les rues, pour assurer la sécurité et leur donner plus de blindés, avance-t-il.

Le gouvernement ne peut plus continuer à subventionner le carburant, déclare Ariel Henry.

En conférence de presse, ce lundi 6 décembre 2021, à laquelle a assisté AlterPresse, le syndicat de chauffeurs de motos-taxis légaux déclare s’opposer à une éventuelle augmentation des prix du carburant en Haïti

Il dénonce les manœuvres du gouvernement de facto actuel de monter les prix du carburant à la pompe, en dépit des conditions difficiles que vit la population.

Cette décision contribuera, sans nul doute, à augmenter la vie chère dans le pays. Elle ne passera pas, sous aucune forme, déclare Jocenel Civil, président du syndicat de chauffeurs de motos-taxis légaux.

Le syndicat des chauffeurs de motos-taxis légaux entend se mobiliser pour y faire échec et même reproduire les émeutes, qui se sont produites les vendredi 6 et samedi 7 juillet 2018 dans le pays, suite à l’annonce du gouvernement de l’époque d’augmenter les prix des produits pétroliers à la pompe.

Le premier ministre d’alors, Jack Guy Lafontant, a été contraint de démissionner le samedi 14 juillet 2018, suite à ces émeutes.

Les syndicalistes invitent le gouvernement de facto à chercher plutôt à rentrer plus d’argent, à travers les douanes.

Par ailleurs, ils demandent au gouvernement de facto de prendre ses responsabilités, pour contrecarrer la criminalité et le climat de terreur entretenus par les gangs armés, notamment à Martissant (périphérie sud de la capitale, Port-au-Prince), depuis le mardi 1er juin 2021.

Une personne tuée par balle et plusieurs autres blessées par balles ont été enregistrées, le lundi 6 décembre 2021, dans le quartier de Martissant, en périphérie sud de la capitale, Port-au-Prince, lors de nouveaux affrontements armés entre gangs rivaux, qui persistent depuis le 1er juin 2021.

Ces personnes, qui se trouvaient à bord d’un minibus, ont été victimes d’une attaque de bandits armés.

Les personnes blessées ont été transportés à l’hôpital de Diquini, dans la commune de Carrefour (sud) pour recevoir des soins.

L’Union nationale des normaliennes et normaliens d’Haïti (Unnoh) annonce l’organisation, le mercredi 8 décembre 2021, d’un concert de casseroles, pour dénoncer la multiplication des actes de criminalité, notamment de kidnapping, en Haïti.

D’autres mobilisations sont aussi prévues en ce sens, à l’occasion de la journée internationale des droits humains, le vendredi 10 décembre 2021, selon le dirigeant de l’Unnoh, Josué Mérilien.

 

 

 

 

 

Source: APR

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