Appréciation de la gourde, risque de faillite/fermeture d’entreprises au niveau du secteur textile

Alors que la population, globalement, se réjouit de la chute spectaculaire d’environ 40% du taux de change en 1 mois et demi, certains secteurs importants de la vie nationale, notamment le secteur textile, expriment leur préoccupation face au comportement du taux de change qui risque de faire disparaitre des usines au niveau du secteur, avec des conséquences évidemment en termes de pertes d’emplois.

En économie, il y a un lien étroit entre le comportement du taux de change et le secteur des exportations ou des importations. En effet, une augmentation du taux de change tient à favoriser ou encourager les exportations d’un pays d’une part, car les prix à l’exportation sont devenus moins chers, et d’autre part, elle devrait décourager les importations. Tandis que lorsque le taux de change baisse, surtout de manière brutale, cela décourage les exportations de biens et de services et le pays pourrait devenir moins compétitif sur la scène économique mondiale.

En fait, depuis environ deux semaines, des acteurs du secteur de la sous-traitance expriment leurs inquiétudes face à la baisse drastique et sans précédent du taux de change qui risque de provoquer la faillite et la fermeture de beaucoup d’entreprises dans le secteur, ce dernier qui représentait environ 1 milliard de dollars américains de revenus en 2019 et qui fournit beaucoup plus d’emplois dans l’économie, soit plus de 45,000 pour le moment, après le secteur public. A rappeler qu’en 2018, on était à plus de 55,000 emplois dans le secteur textile.

Le secteur textile ou de la sous-traitance n’est pas le seul à être impacté négativement par l’appréciation de la gourde, car Haïti exporte vers l’étranger d’autres produits autres que les produits textiles, à savoir des mangues, du café, du cacao, des fruits de mer et des déchets ou produits plastiques et métalliques pour un total d’environ 37 millions de dollars en 2019. Donc, tous les exportateurs de ces produits devraient se retrouver dans une situation difficile, s’ils ne peuvent pas augmenter leur prix en dollars sur le marché international.

Selon le responsable de l’Association des industries d’Haïti (ADIH), Wilhem Lemke, si la situation reste telle qu’elle est avec un taux de change aussi bas (70g à 72g pour 1 dollar), beaucoup d’usines du secteur textile devront fermer leurs portes dans les 2 à 3 semaines à venir, et pour que ce secteur puisse maintenir sa croissance, selon M. Lemke, il faudrait avoir un taux de change entre 100 à 115g.

Il n’est que d’attendre pour voir quelle réponse que le gouvernement va apporter, pour venir en aide à ce secteur qui représente plus de 90% des exportations du pays et la deuxième source de rentrées de devises pour l’économie haïtienne.

Riphard Serent, MPA

Economie