Haïti – Économie: Assainir les finances publiques, une des priorités du gouvernement provisoire

Le gouvernement provisoire qui sera mis en place dans les jours ou les semaines à venir n’aura pas le choix quant à l’adoption d’un ensemble de politiques ou de mesures en vue d’assainir les finances publiques, dont le déséquilibre au cours de ces derniers mois est l’une des conséquences de cette inflation galopante à double chiffre que connait l’économie depuis Novembre 2015. Il faut rappeler que l’inflation est passée de 12% en Novembre 2015 à 12.5% en Décembre, pour atteindre maintenant 13.3% en Janvier 2016.

En dehors de ses préoccupations pour poursuivre avec le processus électoral et mettre tous les secteurs de la vie nationale en confiance, ce gouvernement provisoire devra redéfinir la gestion des finances publiques avec des mesures effectives qui permettront une meilleure allocation et une utilisation optimale des ressources financières de l’Etat. Ce déséquilibre constaté au niveau des finances publiques ne date pas de 5 ans mais a empiré au cours de ces 5 dernières années, occasionnant ainsi des déficits publics énormes de près de 11 milliards de gourdes au cours de l’exercice précédent, selon la note sur la politique monétaire publiée par la BRH en Septembre 2015.

En fait, il est clair que les recettes publiques ne pourront pas financer le budget (119 milliards de gourdes) de l’exercice en cours à hauteur de 64.7% comme prévu, car nous n’arrivons pas à collecter des recettes trimestrielles de l’ordre de 19.25 milliards de gourdes pour atteindre ces 77 milliards de gourdes de recettes en fin d’exercice.

En effet, selon la dernière note sur la politique monétaire de la BRH,  au 16 Décembre 2015, les recettes fiscales collectées ont totalisé 13.42 milliards de gourdes, soit une baisse de 8% par rapport au trimestre précédent (Juillet-Septembre 2015),  alors que les dépenses publiques  se sont contractées de 28,9% pour atteindre environ 17 milliards de gourdes. Cette évolution de la situation des finances publiques s’est traduite par une augmentation de 11.75% des créances nettes de la BRH sur le trésor public à 26. 86 milliards de gourdes, en rythme trimestriel, et un financement monétaire de 3.46 milliards de gourdes au 16 Décembre 2015. Donc, contrairement aux toutes dernières déclarations du premier ministre Evans Paul à la rubrique invité du jour de ce matin, il y a eu bien sur de déficit budgétaire au cours du premier trimestre de l’exercice en cours, soit au 16 Décembre 2015, un déficit de plus de 3 milliards de gourdes.

Il faut rappeler que pour l’exercice précédent, soit au 23 Septembre 2015, les recettes fiscales avaient totalisé 54.7 milliards de gourdes, soit un taux de réalisation de 88.4% par rapport aux prévisions budgétaires. Lorsqu’on analyse l’évolution des recettes durant ces derniers mois, avec 1.8 milliard de gourdes seulement collectés au 15 Février 2016 et 13.42 milliards du 1er Octobre au 16 Décembre 2015, nous sommes en droit de dire que les prévisions de recettes de 77 milliards de gourdes ne seront pas atteintes pour l’exercice en cours.

Donc, une politique d’assainissement des finances publiques s’avère nécessaire pour le gouvernement provisoire qui sera mis sur pied bientôt. Cette politique doit et surtout axée sur une révision ou une rectification du budget en cours pour avoir un budget plus rationnel, plus cohérent et équilibré, avec un ensemble de mesures visant à réduire les dépenses publiques improductives et collecter beaucoup plus de recettes que possible. Les derniers signaux envoyés par le président provisoire, Jocelerme Privert, sont des plus positifs, mais pour combien de temps ? On attend donc l’implémentation de ces mesures et leurs impacts sur les finances publiques et par conséquent sur l’économie haïtienne.

Riphard Serent, MPA (Policy)

Economiste

Radio Vision 2000

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