Pénurie et guerre de gallons dans des pompes à essence…
Le décor, ce lundi, n’a pas changé. À Port-au-Prince et dans ses environs, la page de la pénurie d’essence n’est pas encore tournée, a constaté le journal. Les moins chanceux, obligés de squatter des stations d’essence vides, ont parfois assisté à des conflits pendant lesquels des consommateurs se sont défoncés à coups de gallons.
Les pompes, sous le feu des critiques et des accusations d’entretenir la pénurie afin de vendre plus cher au marché noir, ne peuvent pas être des boucs émissaires, a indiqué le patron de l’ANADIPP, David Turnier, soulignant que les stations ne reçoivent pas rapidement la quantité de produits commandés. « Je pense que l’État et les importateurs doivent s’asseoir pour expliquer au public ce qu’il en est exactement. Parce que là, nous, des stations, devenons des boucs émissaires. Récemment, un pompiste a été agressé. La station service est devenue un endroit extrêmement dangereux. Ce n’est pas normal. On ne peut pas faire un business aussi sensible dans ces conditions », a confié David Turnier.
« Nous ne recevons pas la quantité d’essence que nous devrions recevoir dans les stations d’essence. Les livraisons ont redémarré mercredi dernier. Jeudi et vendredi, il y a eu des livraisons. Ce ne sont pas toutes les stations qui ont reçu. D’un autre côté, les commandes ne sont pas honorées. Cela signifie que la quantité n’est pas suffisante pour servir normalement la clientèle », a indiqué David Turnier, qui s’est exprimé sur les allégations de marché noir entretenu par des stations d’essence.
« La critique est facile. Les autorités étatiques peuvent venir superviser ce qui se passe dans les stations d’essence. Les prix sont fixés par l’État. Le gérant responsable ne peut pas changer les prix des produits. Le diesel est fixé à 179 gourdes, le gazoline à 224 gourdes.. S’il y a une station d’essence qui n’agit pas correctement, il ne suffit pas de parler en l’air. Il faut l’identifier et faire ce qui doit être fait », a poursuivi David Turnier, qui évoque une pression de la demande sur les stocks disponibles.
En trois jours, une compagnie a livré 13 000 barils de ses 35 000 barils de gazoline, a indiqué le patron de l’ANADIPP qui n’écarte pas la possibilité pour les consommateurs d’anticiper en constituant des petits stocks de sécurité.
Entre-temps, toujours ce lundi, quelques jours après le communiqué par Randolph Rameau, président de l’Association des professionnels du pétrole indiquant que la dette de l’État envers les compagnies avoisinait les 8 milliards de gourdes et qu’il y a avait du carburant pour quelques jours, le journal a appris que la préoccupation relative au problème de trésorerie persiste. « Ce qui est préoccupant, c’est le manque de trésorerie pour la prochaine importation qu’il faudra faire très rapidement », a confié une source proche d’une compagnie pétrolière. « Le retour à la normale ne pourra pas être obtenu tant que les subventions ne sont pas remboursées, car les compagnies n’ont pas assez d’argent pour importer du carburant », a-t-elle poursuivi. Interrogé par le journal, une autre source du secteur a souligné que les épisodes de pénurie balisent le terrain d’un ajustement des prix sur le marché.