Urgence économique, des mesures à la recherche d’une amélioration des finances publiques et du pouvoir d’achat de la population ?
L’actualité depuis hier soir est marquée par ce dernier conseil spécial des ministres tenu au Palais National, au cours duquel le gouvernement a décrété l’urgence économique sur tout le territoire national et a pris un ensemble de mesures, tout en profitant de réitérer la mise en application d’un ensemble d’autres mesures déjà prises depuis avril 2017.
Un ensemble de mesures, pour la plupart, saluées par certains économistes qui prônaient depuis longtemps des mesures d’austérité au sein de l’Etat ou encore une meilleure gestion des finances publiques, face à la détérioration des conditions micro et macroéconomiques dans le pays.
La liste de ces mesures du gouvernement a été l’objet des éditions de nouvelles de ce mercredi dans tous les medias de la capitale et dans les villes de province. Des mesures prises ou réitérées par le gouvernement en vue de réduire le train de vie de l’Etat, et par conséquent, d’assurer un meilleur équilibre entre les recettes et les dépenses de l’état. Des mesures également qui sont à la recherche d’une amélioration du pouvoir d’achat de la population, notamment celles liées à une réduction des prix de 8 produits de première nécessité, dont la liste n’est pas encore publique, et des mesures en faveur des PME, sans donner des détails sur ces nouveaux mécanismes de crédit.
Suite à ces dernières décisions, issue de ce conseil spécial des ministres, nous avons trois éléments, entre autres, à considérer :
D’abord, la plupart de ces mesures aurait dû être prise et mise en application depuis le premier conseil des ministres sous le gouvernement de Jack Guy Lafontant en 2017, ce qui nous épargnerait de ce financement monétaire record en 2018 de plus de 24 milliards de gourdes avec des conséquences que nous sommes en train de vivre sur l’inflation et le taux de change.
Deuxièmement, vu la nature de la crise socio-économique en Haïti et les causes de cette crise, on n’aurait pas besoin de décréter l’urgence économique pour prendre ces mesures et les mettre en application. Ces mesures pourraient être prises dans le cadre d’un ensemble de nouvelles politiques publiques qui viseraient a) la réforme de l’Etat, b) l’amélioration du pouvoir d’achat de la population, c) une meilleure gestion des finances publiques et d) la production nationale.
Troisièmement, ces mesures auraient du être étendues sur toutes les branches des trois pouvoirs de l’Etat et avoir le support du parlement, qui devrait lui-même travailler sur des textes légaux définissant clairement les sanctions réservées à tous ceux et toutes celles qui ne respectent pas ces mesures et les procédures judiciaires y relatives.
De toute façon on suivra de très près l’avenir de ces mesures dans l’économie et leurs impacts sur les finances publiques et sur les conditions de vie de la population dans les 3 à 6 prochains mois.
Riphard Serent, MPA
Economiste