Etre ni pour, ni contre, bien au contraire
« Je ne suis ni pour ni contre, bien au contraire », si en France cette citation est attribuée à l’humoriste Coluche, en Haïti elle a surtout été la position de certains élus pendant la période du coup d’État qui avait interrompu le mandat constitutionnel de Jean-Bertrand Aristide entre septembre 1991 et octobre 1994. Ces parlementaires n’étaient ni pour ni contre le retour du président constitutionnel, bien au contraire. Ainsi, ils ont pu louvoyer entre les militaires putschistes ombrageux et la communauté internationale donneuse de pressions.
De nos jours, le « ni pour ni contre, bien au contraire » se conjugue sur plusieurs modes. Les parlementaires, encore eux, qui ne veulent ni condamner clairement la décision de l’exécutif de mettre sous tutelle totale la Police nationale d’Haïti, ni soutenir l’institution policière, ne sont ni pour ni contre. Le tiers du Sénat haïtien a même proposé une résolution invitant l’exécutif et la police à se rencontrer pour aplanir leurs différends.
Haïti, qui ne peut pas choisir entre le Venezuela et les États-Unis d’Amérique, n’est ni pour ni contre. Même en votant l’abstention, la diplomatie haïtienne semble vouloir envoyer un message contraire à ce qu’elle exprime. Allez comprendre.
Prenons la situation Chine-Taïwan. Haïti est écartelé. Tous les acteurs politiques disent que le pays doit mettre le cap sur la Chine, même à la présidence de nombreux conseillers du président Jovenel Moïse le confessent, pourtant, c’est par un voyage précipité et peu préparé que le gouvernement haïtien s’est jeté dans les bras de son fidèle ami Taïwan.
Le cycle Taïwan se termine. Les dirigeants haïtiens, comme à l’accoutumée, ne cherchent pas à rentabiliser la relation au profit du pays. Le cycle de la Chine commence. Les dirigeants haïtiens ne cherchent pas à optimiser leur changement de cap.
Dès qu’il s’agit de bien faire, nous ne sommes ni pour ni contre, bien au contraire.
Frantz Duval
Le Nouvelliste.