Célébration de la journée mondiale des droits des consommateurs, les consommateurs haïtiens ont-ils des droits ?
Écrit par Riphard Serent, MPA / Economiste / riphardserent@gmail.com | Radio Vision 2000
Ce mercredi 15 mars 2017 marque la journée mondiale des droits des consommateurs, un événement qui doit nous intéresser au premier chef en Haïti ; c’est probablement le seul pays dans la région où les droits des consommateurs ne sont pas définis, voire respectés, ce qui provoque dans plusieurs cas des altercations entre des acheteurs et vendeurs, entre des clients et des entreprises mais aussi des abus de certaines entreprises.
En fait, depuis 1983, le monde célèbre le 15 mars comme la Journée internationale des droits des consommateurs. En effet, le 15 mars 1962, le président Kennedy, dans un message adressé au Congrès américain, avait déclaré que «nous sommes tous des consommateurs». Il avait ainsi posé les fondements des droits des consommateurs à savoir le droit à la sécurité, le droit à l’information, le droit de choisir et le droit d’être entendu.
La consécration d’une journée pour la célébration des droits des consommateurs rentre dans un objectif de leur garantir une protection et leur donner plus de pouvoirs pour défendre leurs intérêts.
Lorsqu’on parle des droits des consommateurs, la question est des plus préoccupantes en Haïti, car il n’existe jusqu’à présent aucune loi qui protège les consommateurs haïtiens et qui stimule également la concurrence. La question de la concurrence revêt aussi d’une extrême importance, car quand il y a concentration au niveau des filières, des monopoles et oligopoles, comme c’est le cas dans le secteur agroalimentaire et dans la téléphonie mobile, cela affecte le consommateur.
Dans ce contexte, peut-on parler de droits des consommateurs haïtiens s’il n’y a pas de loi ? Une grande question pour nos parlementaires et les autres autorités politiques qui disent défendre les intérêts de la population.
Aujourd’hui, le fait qu’il n’y a pas une loi qui définit les droits et qui protège les consommateurs haïtiens, ces derniers sont exposés à toute sorte d’abus et ils sont victimes quotidiennement de surfacturation, de mauvaise qualité de produit ou de service. Le constat est clair : dans plusieurs entreprises en Haïti, la possibilité ou le droit de retour n’existe pas, les prix sont affichés en dollar américain et on pratique un taux de change qui est supérieur à celui du marché formel. Dans une interview accordée au journal Le Nouvelliste en Janvier dernier, le gouverneur de la BRH avait indiqué que »le choix de la dollarisation de l’économie exclurait plus de gens dans le système et créerait beaucoup plus de pauvres. Il faut être conséquent et que les prix en Haïti soient fondamentalement en gourdes et qu’il y ait une loi pour la protection des consommateurs » avait insisté le numéro 1 de la Banque centrale (BRH), M. Jean Baden Dubois.
Donc, du pain sur la planche pour les parlementaires d’agiter ce débat au niveau du parlement pour parvenir à un cadre légal de protection des consommateurs, mais aussi pour promouvoir la libre concurrence dans l’économie haïtienne.