Monde-Économie/Des mesures nécessaires pour attirer les investissements et relancer la croissance: Le cas de l’Inde

Dans la chronique d’aujourd’hui nous irons jusqu’en Asie pour regarder de nouvelles mesures économiques du nouveau premier ministre de l’Inde dans une perspective  d’attirer des investissements vers ce pays et forger une croissance économique plus satisfaisante et plus durable.

En effet, après des mois de critiques l’accusant de ne pas bouger assez agressivement sur les promesses d’une révision économique, le nouveau Premier ministre de l’Inde Narendra Modi a annoncé une série de mesures destinées à relancer la troisième économie d’Asie.  La semaine dernière donc, il a dévoilé une série de mesure incluant la refonte des lois du travail archaïques de l’Inde, la libéralisation du prix du diesel et l’ouverture de l’industrie du charbon à des entreprises privées, une décision qui a été bien accueillie par le gouvernement Australien qui est d’ailleurs un grand partenaire commercial de l’Inde.

Il faut reconnaître que l’Inde a fait d’énorme progrès économique au cours des deux dernières décennies.  Cependant sa croissance économique a chuté au cours des dernières années ; une baisse qui peut être expliquée notamment par l’impasse politique, la faiblesse des investissements, une forte inflation et la corruption.

L’absence de progrès au fil des décennies est mise en évidence par une lente réduction de la pauvreté. En 1978, environ 99 % de la population de l’Inde vivait avec moins de 5 $ par jour, selon les chiffres de la Banque mondiale. En 2011, ce taux de pauvreté a été à peine modifié pour atteindre 95%.

En réponse, le premier ministre Modi, qui a promis de faire de l’Inde un centre mondial pour la fabrication de produits à bon marché, a annoncé une révision totale de la législation du travail la semaine dernière, dans l’espoir d’attirer les investisseurs. Une législation du travail qui était élaborée à un moment ou le pays était encore une colonie britannique. Une législation qui a des règlements trop stricts sur les embauches et licenciement des employés, ce qui dissuade souvent les entreprises quand ils doivent embaucher des gens.

Par cette mesure, le gouvernement entend attirer plus d’investissements, augmenter les emplois tout en accélérant la croissance des activités. En effet, la création d’emplois est une priorité en Inde, où quelque 13 millions de jeunes se joignent à la population active chaque année. A rappeler que la population totale de l’Inde est 1,2 milliard d’habitants soit la deuxième plus grande population du monde après la Chine.

Parmi les mesures du gouvernement de l’Inde, il faut citer également la libéralisation du prix du diesel. Comme on l’a fait ici, l’Etat indien veut cesser la subvention du carburant (qui est d’ailleurs l’une des plus subventions les coûteuses pour l’économie indienne), profitant de la baisse des prix sur le marché international.

Cette subvention a causé un déficit commercial énorme en Inde au cours des dernières années, atteignant ainsi  14,3 milliards de dollars en septembre dernier. Une mesure qui permettra à l’Etat indien d’augmenter ses recettes pour le financement de projets d’envergure.

Autre mesure, les règlementations industrielles sont devenues moins restrictives avec ce dernier décret du gouvernement. A titre d’exemple, les entreprises privées sont désormais libres d’extraire et de vendre le charbon. Une vraie révolution pour une industrie qui a été nationalisée a peu près 40 ans de cela.  Cette mesure selon le premier ministre indien aura pour effet de stimuler l’alimentation électrique.

Mis à part ces mesures, il y a bien évidemment d’autres enjeux majeurs qui n’ont pas été encore abordés, ainsi le gouvernement promet des reformes graduelles. Par exemple, il y a toujours un problème d’insuffisance au niveau des infrastructures routières sans oublier un réseau électrique inefficace et inadéquat.

Enfin, il y a une déclaration importante que le premier ministre de l’Inde a faite, qui est d’une extrême importance, il a dit : « Inviter quelqu’un, à venir faire des affaires ne suffit pas sans de bonnes routes, énergie fiable et de meilleurs ports.

Voilà le message que nous donnons ici tous les jours dans cet espace, et qui n’est pas différent du message du premier ministre indien. De même qu’on ne peut pas faire du tourisme pendant que nos routes peuvent être bloquées à n’importe quel moment par des individus pour des raisons politiques sociales ou économiques, on ne peut pas attirer des investissements vers Haïti avec une simple invitation ou de bref slogan. L’attraction des investissements doit faire partie des programmes politiques du gouvernement, elle doit se faire sur le terrain concrètement avec de grands projets d’envergure pour construire nos routes, ports, dynamiser le secteur de l’énergie, et renforcer  notre main-d’œuvre par la formation adaptée sans oublier la révision du cadre légal des affaires. Nous devons nous inspirer de la nouvelle dynamique de ces économies asiatiques comme l’inde pour redresser les choses ici en Haïti. Nous ne pouvons vraiment pas espérer de résultats économiques différents si nos choix politiques ne sont pas différents.

Etzer Emile, M.B.A

Economiste

Radio Vision 2000

etzeremile@gmail.com

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