Discours du président Privert à la tribune des Nations Unies : de grandes responsabilités pour le prochain président d’Haïti
Le Président provisoire Jocelerme Privert a prononcé ce weekend dernier son discours à la tribune des Nations Unies, à l’occasion de la 71ème assemblée générale de l’organisation qui s’est tenue comme d’habitude à la ville de New York.
Si d’un côté, beaucoup de secteurs saluent le contenu du discours du président provisoire qui n’a pas mâché ses mots, avec beaucoup de diplomatie, devant les dignitaires des Nations Unies, d’un autre côté, il faut voir ces lourdes responsabilités qui attendent le prochain président de la république en 2017, en ce qui à trait à l’élimination du choléra sur tout le territoire national, la réduction des flux migratoires et l’engagement d’Haïti pour mettre en œuvre le Programme de Développement Durable à l’horizon 2030 (PDD-H2030), trois sujets sensibles qui ont été les points culminants du discours du président Privert à la tribune des Nations Unies.
En ce qui concerne le choléra qui a emporté la vie de plus de 8,000 de nos frères et sœurs et qui devrait nous coûter plusieurs centaines de millions de dollars en termes de pertes, il ne faut pas laisser à l’ONU de venir avec ses propres programmes en Haïti, où plus 40% des fonds passera par des honoraires pour des experts. Il s’agira donc pour le prochain président haïtien, avec le reste son exécutif, de formuler et présenter à la nation une politique d’éradication du cholera dans le pays, avec un budget bien élaboré, dont le financement devra être assuré normalement par l’ONU. Parallèlement, il faudra définir une bonne politique d’assainissement dans le pays, une politique stratégique de l’eau et une politique de gestion des déchets pour renforcer la politique d’éradication du choléra dans le pays. On parle justement de »politique publique » mais non pas de petits projets ou de petits programmes par ci et par là pour des résultats exécrables.
En ce qui a trait à la réduction de cette migration fulgurante des Haïtiens vers des pays du continent américain, il s’agira pour le prochain président de mettre en œuvre sa politique d’emplois qui tiendra compte de toutes nos potentialités économiques, tout en créant un environnement favorable à l’investissement privé. Il est clair que la montée vertigineuse de phénomène de migration n’est autre que les conséquences du niveau du chômage dans le pays et les désespoirs de nos jeunes qui sont très sceptiques en qui a trait à une amélioration des conditions économiques dans le pays.
En ce qui concerne l’engagement pris par Haïti pour mettre en œuvre le programme de développement durable à l’horizon 2030, nous ne sommes pas encore sur la bonne voie, car nous avons déjà perdu 2 années (2016 et 2017) sur 15. Il faudra que le prochain président prenne des dispositions pour stabiliser le pays politiquement au moins à l’horizon 2030, réviser les programmes socioéconomiques du Plan Stratégique de Développement d’Haïti (PSDH), augmenter les investissements publics, stimuler les investissements privés dans le secteur des affaires et définir une nouvelle gouvernance économique pour un minimum de résultats dans le cadre de l’engagement du pays à atteindre les objectifs de développement durable.
Riphard Serent, MPA
Economiste