J-Vens, le père de Ti Mamoun, va mal
Source Plesius Junior Saint Louis | Ticket Magazine
J-Vens est connecté à plein d’appareils. Des appareils respiratoires, des appareils cardiovasculaires, des sérums, des tubes qui lui injectent des vitamines… tout ce qui peut le garder en vie et améliorer son état de santé. Son corps ressemble à un mixeur auquel tous les instruments d’un concert se retrouvent branchés. L’artiste ne peut ni manger, ni boire, ni parler, ni bouger son corps. Il a les pieds et la main droite cassés, sa tête est sévèrement fracturée, il a une veine endommagée au bassin…Un vrai calvaire pour le père de Ti Mamoun.
Je déteste les hôpitaux. Je déteste les salles d’urgence, cet espace réservé aux gens qui souffrent, à ceux dont l’état requiert des soins soutenus, une assistance régulière et urgente. Je déteste encore plus ces minutes que je passe là, au chevet de J-Vens, hospitalisé depuis le jeudi 15 septembre. L’artiste, auteur de « Ti mamoun », est dans l’impasse… Une mauvaise passe. Sur le lit, tranquille, les yeux fermés, il est prisonnier du silence. Le seul son qu’il émet est produit par son souffle dans cet appareil respiratoire. Il respire mal. Il respire fort.
Aucun médecin ne veut me donner d’explications, cela relève de la confidentialité parents-médecins. « Il n’y a que les parents qui peuvent vous en parler», me disent-ils. Je n’ai pas le droit non plus de prendre des photos. Rien. Rien de plus qu’une observation de quelques minutes durant ces heures de visite. Les consignes doivent être respectées. Mes yeux ne quittent plus J-Vens, cet artiste de vingt-huit ans qu’on a reçu une fois au journal pour parler de lui et de sa chanson « Ti mamoun », un hit confirmé. C’était le 25 février 2014. À l’époque, sa chanson cartonnait. Les DJ la reprenaient, les enfants la dansaient.
Il est deux heures ce mercredi, et les portes de l’hôpital Bernard Mevs s’ouvrent pour deux heures de visites. Dans l’état qu’il se trouve, je me demande si J-Vens sait où il est, s’il sent au moins la présence des gens qui lui rendent visite. L’artiste a des bandages aux pieds. De l’adhésif à la ceinture, un fer à son bras droit, des appareils tout autour de son lit. Il ouvre doucement les yeux, qui se referment deux secondes après. Ses paupières semblent être trop lourdes. Apparemment, il n’a pas suffisamment de force pour les retenir davantage. J’ai devant moi un homme affaibli…C’est aussi un battant, qui semble reprendre sur lui et revenir à la charge. J-Vens rouvre les yeux. Son regard est vide. Il bouge la main gauche. L’artiste tire faiblement langue, sa mâchoire bouge un peu, se crispe… « Il fait une crise neurologique », selon les propos d’un médecin dans la salle. J’essaie de relancer l’infirmière. « Miss silteplè… », mais la responsable me coupe court: « Mesye, mwen di w mwen paka ba w enfòmasyon. Paran l deyò a, mande pou yo.»
Dans la salle d’attente de l’hôpital Bernard Mevs, sur la route de l’aéroport, au milieu des parents et amis qui se sont installés, je rencontre Sherley. Une amie qui, depuis le jour même de l’hospitalisation, passe tout son temps avec……lire la suite sur lenouvelliste.com