En Haïti, un patrimoine musical à sauver : Cri d’alarme du célèbre guitariste Amos Coulanges
Par Gotson Pierre
P-au-P., 14 aout 2016 [AlterPresse] — Le célèbre guitariste haïtien Amos Coulanges lance un cri d’alarme en faveur de la préservation du patrimoine musical haïtien, notamment des œuvres pour voix, qui risquent de se perdre.
Face au risque que ces créations tombent dans l’oubli, il interpelle les autorités étatiques, dans une interview accordée à la station en ligne AlterRadio.
« Il faut que l’État s’y mêle, parce que c’est notre patrimoine », encourage-t-il.
Amos Coulanges, qui évolue à l’étranger, vient de séjourner en Haïti où il a donné plusieurs concerts.
Reconnu comme l’un des meilleurs guitaristes de sa génération, il a également animé un atelier à la Fondation Connaissance et Liberté (Fokal).
Faisant part de son travail à AlterRadio, le musicien a indiqué avoir conduit une grande recherche sur la musique vocale en Haïti et dans la Caraïbe.
« Dans nos iles, il y a des créateurs et de la musique pour voix… J’ai collecté beaucoup de morceaux », souligne-t-il, en s’exclamant : « il n’y a pas que le gospel ».
Il faudrait pouvoir réunir les moyens pour pouvoir préserver ce patrimoine.
« Il y a un travail sérieux à faire », préconise-t-il. Les ministres de la culture devraient, dit-il, être au courant de tout ça, « mais, on sait qu’ils ne sont pas au courant ».
En oûtre, « il y a tellement de choses à faire, tellement de fatras à nettoyer, quand est-ce qu’on va s’occuper de Do dièse, de Si bémol et de Fa dièse », s’interroge le musicien, évaluant les diverses priorités socio-économiques qui s’imposent dans le pays.
« La beauté… un acte révolutionnaire »
Né en 1954 à Port-au-Prince, Amos Coulanges s’est consacré entièrement à l’étude de la musique à partir de 1976, après avoir été salué comme la révélation du Festival de Guitare de la Martinique et avoir enregistré un premier album intitulé Musique Haïtienne pour Guitare.
« Je n’avais pas l’impression de faire une œuvre qui allait traverser l’histoire », confie Coulanges.
A l’époque, le pays vivait encore sous la dictature des Duvalier, ayant pris fin en 1986 avec la chute du régime de Jean-Claude, qui, comme son père François, a dirigé le pays d’une main de fer.
C’était « un contexte tendu », Duvalier tuait et « les intellectuels (…) n’avaient pas le droit de parler », se souvient le musicien.
« A l’école (Collège Jean Price Mars), on avait le sens de la liberté, sans faire trop de politique, parce que j’avais un frère déjà menacé par les macoutes (la milice de Duvalier) et qui avait du s’exiler », se rappelle-t-il.
Pendant ces années de terreur, on pouvait être tué « parce qu’on prononce un mot. On dit Maspero on est mort, on dit barbe de Fidel Castro on est mort, on dit Jean-Jacques Rousseau on est mort, on dit Voltaire on est mort… Dans Voltaire, il y a déjà le mot révolution ».
« Mon engagement, c’était l’art (…) », confie Amos Coulanges. Pour lui, « la beauté c’est un acte politique, c’est un acte révolutionnaire ».
« Il n’y a pas de petite musique »
Le guitariste, qui a étudié au Canada et en Europe, enseigne aujourd’hui la musique et mène une carrière …….lire la suite sur alterpresse.org