Evaluation de la sécurité alimentaire en milieu urbain : de bonnes statistiques pour les programmes des candidats à la présidence

Les statistiques sur l’insécurité alimentaire et la situation des ménages en Haïti doivent jouer un rôle extrêmement important dans l’élaboration des programmes des candidats, surtout ceux à la présidence, qui disent vouloir lutter contre la pauvreté et améliorer les conditions de vies des couches les plus vulnérables dans le pays.

En effet, la dernière étude de la Coordination Nationale de la Sécurité Alimentaire (CNSA), en partenariat avec le Programme Alimentaire Mondial (PAM), réalisé en Juin 2016 et publié récemment sur la sécurité alimentaire dans les principaux centres urbains des chefs-lieux de département, doit servir de catalyseur pour les candidats à la présidence pour comprendre l’ampleur de l’insécurité alimentaire dans six communes de l’Aire Métropolitaine de Port-au-Prince, ainsi que pour chacune des neuf autres villes, chef lieu des départements.

Selon l’étude de la CNSA, la commune de Cité Soleil et les villes des Gonaïves, de Jérémie et de Port-de-Paix  ont les pourcentages les plus élevés de ménages en insécurité alimentaire (modéré + sévère), avec des taux respectivement de 66%, 48%, 47% et 35%.  Alors qu’au niveau national, dans les zones urbaines couvertes par l’enquête, sur chaque 100 ménages, 30 sont en insécurité alimentaire, dont 2% en insécurité alimentaire sévère.

La situation de la commune de Delmas et de la ville de Miragoane n’est pas trop bonne avec respectivement 32% et 31% de ménages en insécurité alimentaire. La ville la plus mieux placée est la ville de Hinche avec seulement 11% de ménages vivant en insécurité alimentaire, suivi de la ville de Fort-Liberté 14%, la commune de Tabarre 16%, la commune de Port-au-Prince 21%, Jacmel 23%, Cap-Haïtien 25%, Pétion-ville 26% et Carrefour 27%.

Au cours de cette étude de la CNSA, Il a été demandé aux ménages quels seraient leurs principaux besoins pour les six prochains mois. Dans l’ensemble, les réponses les plus courantes étaient «le travail», c’est-a-dire 46% des ménages ont répondu avoir besoin d’un emploi, suivis de «l’argent» (28%), de loin par «la nourriture» (8%), «l’éducation» (5%),  «l’accès aux services de santé» (4%) et «l’accès au logement » (4%). Donc, les candidats à la présidence doivent savoir que les gens des zones urbaines ont plus besoin d’un emploi que tout autre service social de base, surtout avec  53% des ménages dirigés par une femme et 50% consacrant plus de la moitié de leur budget à la nourriture.

Autres informations c’est que le petit commerce et les petites entreprises deviennent de plus en plus très importants dans la formation des revenus des ménages des zones urbaines, soit 32%, suivis du travail salarié qualifié et non qualifié (23% des ménages) et des emplois salariés (21% des ménages). Pour leur part, les envois de fonds sont la principale source de revenus pour 11% des ménages.

De bonnes statistiques qui doivent orienter les objectifs des candidats à la présidence en matière de lutte contre la pauvreté dans les zones urbaines du pays, tout en tenant compte d’un ensemble facteurs dans une dimension économique, sociale et environnementale.

Riphard Serent, MPA

Economiste

riphardserent@gmail.com

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