Budget rectificatif 2015-2016: le secteur économique est le plus pénalisé

Le secteur économique qui détient toujours la plus grande part du budget national est la principale victime du budget rectificatif 2015-2016 du gouvernement Privert-Jean Charles.  En effet, avec une contraction d’environ 22% de l’enveloppe allouée à ce secteur, les perspectives économiques s’avèrent très sombres pour le reste de l’exercice fiscal qui touchera à sa fin le 30 septembre prochain, soit dans environ 4 mois.

Il faut dire que le nouveau projet de loi des finances élaboré par l’Exécutif actuel, et déposé récemment au parlement, prévoit une contraction du budget de près de 10 milliards de gourdes (7.3%), passant de 122.7 milliards à 113 milliards de gourdes. Cette contraction a surtout affecté le secteur économique dont l’enveloppe est passée de 47.4 milliards à 37.1 milliards de gourdes.

Le secteur économique est suivi par le secteur culturel qui lui même a constaté une baisse de 10% de son enveloppe budgétaire. Viennent ensuite le secteur social avec une contraction de 2.4% dans le budget rectificatif et le secteur politique avec une enveloppe passée de 19.4 milliards à 19 milliards de gourdes, soit la plus faible contraction (1.5%) au niveau sectoriel, dans le budget rectificatif 2015-2016.

Les trois grands ministères qui ont subi des contractions considérables au niveau du secteur économique sont : le Ministère du Commerce et de l’Industrie qui a enregistré une baisse de 70% ; le Ministère de l’Agriculture avec une enveloppe passée de 11.9 milliards à 7.2 milliards de gourdes, soit une baisse de 40%   et le Ministère de la Planification qui a vu son enveloppe diminuer de 7.3 milliards à 4.97 milliards de gourdes, soit une contraction de 31%.  Donc, cette réduction au niveau du budget du Ministère de l’Agriculture qui est passé à moins de 10 milliards de gourdes ne fera que réduire les marges de manœuvre de ce ministère et sa capacité à supporter les agriculteurs pour la réussite des récoltes de Juillet qui, selon les prévisions, devraient en principe favoriser une augmentation de la production agricole pour une légère baisse du niveau de l’inflation dans l’économie.

En ce qui concerne les autres ministères du secteur économique, nous avons le Ministère de l’Economie et des Finances dont l’allocation est passée de 8.4 milliards à 7.3 milliards de gourdes, soit une contraction de 13%; le Ministère du Tourisme avec une enveloppe passée de 689 millions à 581 millions de gourdes dans le budget rectificatif, soit une diminution de 24%  et le Ministère des Travaux Publics, Transport et Communication qui a connu la plus faible contraction (1.3%) au niveau du secteur économique, avec une enveloppe passée de 16 milliards à 15.83 milliards de gourdes.

Il es important de souligner qu’ au niveau du secteur social, le Ministère de l’Éducation nationale et de la formation professionnelle accapare près de 20% du budget et est le seul à avoir connu une augmentation de 5 % de son budget, avec une enveloppe prévue de 22.2 milliards de gourdes contre 21.2 milliards dans le budget initial. Autre constat dans ce secteur, c’est que la grève des médecins résidents n’a eu aucun effet sur le nouveau budget du Ministère de la Santé publique et de la population, car le budget de ce ministère a connu une réduction de 21% avec une allocation passée de 6.6 milliards à 5. 3 milliards de gourdes.  Tandis qu’au niveau du secteur politique, la Primature et la Présidence ont vu leur budget croître de 34 et 13 % respectivement, alors que le Ministère de la Défense est doté d’une maigre allocution de 410 millions de gourdes, ce qui représente une baisse de près de 5 %, qui ne permettra pas à ce ministère de prendre en compte les revendications des soldats et officiers haïtiens formés en Equateur.

Un budget rectificatif qui prend en compte, apparemment, les difficultés auxquelles sont confrontées les finances publiques du pays, en termes de faibles recettes fiscales, diminution des dons et réduction de l’apport de Petrocaribe, mais ce budget ne permettra ni d’apporter cet apaisement social ni d’améliorer les conditions de vie de la population dans le court terme.

Riphard Serent, MPA (Policy)

Economiste

riphardserent@gmail.com

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