Haïti classé dernier au baromètre mondial de la compétitivité énergétique des États

La question de l’accès à l’énergie – une énergie si possible propre, éco-compatible et renouvelable – n’a jamais été aussi présente au cœur de l’actualité politique et diplomatique internationale.

Certains pays réussissent avec succès à garantir un accès libre et peu coûteux à des sources d’énergie elles-mêmes abondantes tandis que d’autres peinent, souvent pour des raisons structurelles mais aussi de mauvaise gestion, à offrir à leur population en même temps qu’à leurs entreprises une énergie disponible et en quantité suffisante – avec pour corollaire de vrais handicaps en termes de bien- être social, de développement et d’activité économique.

Pour la quatrième année consécutive, l’institut Choiseul et KPMG a procédé à une évaluation neutre et objective de la compétitivité énergétique des États. Son indice 2016 offre un regard global, à l’échelle de la planète, sur la réalité et surtout la pertinence des politiques énergétiques suivies par quelque 146 États répartis sur tous les continents. Le travail précise aussi les forces et les faiblesses des États sous revue, que ce soit en ce qui concerne leur mix énergétique, l’accès et la disponibilité de l’électricité ou encore pour ce qui est de la compatibilité des politiques suivies avec les grands enjeux environnementaux.

En effet, selon cet indice énergétique 2016, les 5 premières places sont occupées par la Norvège, Suède, Islande, Canada et Danemark. Alors qu’Haïti se retrouve au dernier rang mondial sur la base de son niveau de compétitivité.

Ce classement hiérarchise 146 pays selon trois grands critères : la qualité du bouquet énergétique (c’est-a-dire la répartition des différentes sources d’énergies primaires consommées pour la production des différents types d’énergies) ; la qualité, la disponibilité et l’accès à l’électricité ; et enfin l’empreinte environnementale.

Une étude équivalente en 2014 avait vu les réseaux électriques haïtiens être au premier rang des pertes électriques totales les plus élevées (soit 65%, ex-aequo avec le Togo).

Ce classement d’Haïti n’est pas du tout surprenant, c’est un texte en plus qui expose la triste réalité du secteur énergétique haïtien. Ce rapport vient dans un contexte ou le gouvernement Martelly-Paul vient de publier sans faire du bruit un décret sur le secteur dans le moniteur #23 le 3 février dernier. Un décret qui est venu casser le monopole de l’EDH en termes de production, distribution et commercialisation du courant électrique ouvrant ainsi la voie aux investissements privés dans ce domaine. Bref, ainsi, le marché de l’énergie devient un marché ouvert, qui peut être occupé par plusieurs operateurs.

Pour la régulation du secteur sur l’étendue du territoire, il est créé « un organisme autonome administratif doté de la personnalité juridique et jouissant de l’autonomie financière dénommée Autorité nationale de régulation du secteur de l’énergie, ci-après « ANARSE », sous tutelle du ministère des Travaux publics, Transports et Communication ». De même qu’on était passé d’un marché monopolistique occupé par la Teleco à un secteur ouvert aujourd’hui, les consommateurs haïtiens devront s’attendre à voir apparaître des entreprises de production et de commercialisation énergétique privées, à capitaux étrangers ou domestiques. Si c’est pour la quête de la compétitivité, nous sommes pour, si c’est pour un meilleur accès, nous sommes pour, si c’est pour l’efficacité nous sommes pour, si c’est pour la réduction des déficits budgétaires dus aux subvention publiques de l’énergie, nous sommes pour. Bref, les impacts positifs de ce décret ne sont pas pour demain.

 

Etzer S. Emile

Economiste

Radio Vision 2000

etzeremile@gmail.com

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