Monde – Économie: Le groupe des BRICS, la fin d’une époque

Dans un article publié par le journal français La Tribune, le macroeconomiste Michel Santi a annoncé la fin du groupe des BRICS. Dit- il, la mode des BRICS est bel et bien dernière nous. A tel point que Goldman Sachs, qui l’avait lancée le concept en 2001 dans un rapport célèbre rédigé par l’économiste Jim O’Neill, a fermé son fonds qui leur était dédié.

Il y a quelques années, à en croire les grands experts de l’économie et les dirigeants politiques, les BRICS (l’ensemble de pays constitué par le Brésil, la Russie, l’Inde, la Chine et l’Afrique du Sud) allaient devenir les moteurs de la croissance mondiale. Des extrapolations naïves à partir d’une croissance alors rapide ont conduit nombre d’observateurs à imaginer un futur toujours plus prometteur pour ces pays – et grâce à eux, au reste du monde. Mais aujourd’hui il y a une certaine désillusion. Les économies du Brésil et de la Russie se contractent, tandis que celles de la Chine et de l’Afrique du Sud connaissent un fort ralentissement. Seul le taux de croissance de l’Inde reste élevé, dépassant légèrement celui de la Chine.

Cette crème de la crème des marchés émergents avait alors une capacité d’attraction intense qui drainait des milliards de nouveaux investissements, qui présidait à la création d’institutions financières au bilan souvent démesuré et qui représentait un nouvel eldorado pour toute la caste des investisseurs, des spéculateurs et des entreprises occidentales en quête de nouveaux marchés juteux. Cette époque est désormais bel et bien révolue car la même Goldman Sachs vient de fermer le mois dernier en toute discrétion son fonds dédié aux BRICS dont les actifs avaient fondu de…88% en 5 ans. N’était-il pas aberrant de regrouper au sein d’une même alliance tout aussi hypothétique que douteuse des nations aux cycles économiques divergents, à un stade d’industrialisation et de développement souvent antinomique et à la culture politique incompatible? Outre l’affaiblissement notoire et graduel de l’écrasante majorité des pays constituant ces BRICS qui compliquait considérablement l’établissement de relations stables entre eux, le commerce entre membres n’était nullement privilégié ou favorisé par leurs dirigeants successifs qui se contentaient de belles photos et de chaleureuses poignées de mains lors des réunions internationales. Pire encore puisque, selon le think tank Global Trade Alliance, les propres intérêts d’un membre des BRICS furent souvent lésés par un autre membre à la faveur de l’instauration d’une mesure protectionniste tarifaire ou d’un quota.

Les investisseurs, et le reste du monde, y compris les leaders des nations du Brics, ont réalisé enfin que le regroupement d’énormes nations, politiquement dissemblables et à des niveaux de développement et d’industrialisation différent n’est pas une formule magique pour des retours rapides, ou même garantis

Pour Ted R. Bromund, un chercheur de la Heritage Foundation, l’idée que les Bric formaient un ensemble de puissances en devenir a toujours été un «rêve de marketeur»: «Ce qu’ils ont en commun, avant tout, ce sont leurs problèmes.»

Les BRIC sont morts, vivent les IC ! Alors que la Russie sombre dans la récession et que le Brésil est en panne de croissance, le concept de BRIC (Brésil, Russie, Inde, Chine) serait en train de perdre son sens pour ne plus se résumer qu’à un couple Inde-Chine. Ou encore dans cinq ans, peut être on parlera alors des MIICCK (Mexique, Inde, Indonésie, Chine, Colombie, Kenya) comme successeur des BRICS.

Etzer S. Emile

Economiste

Radio Vision 2000

etzeremile@gmail.com

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